Vie de Mathématicien – MADD Maths http://maddmaths.smai.emath.fr Mathématiques Appliquées Divulguées et Didactiques Fri, 15 Jul 2022 14:35:16 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.4.2 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/wp-content/uploads/2016/04/cropped-logo3-32x32.jpg Vie de Mathématicien – MADD Maths http://maddmaths.smai.emath.fr 32 32 Vie de Mathématicien : Julien Barré http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2017/01/16/julien-barre/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2017/01/16/julien-barre/#respond Mon, 16 Jan 2017 16:53:54 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=1285 [...]]]> SAMSUNG DIGITAL CAMERA

Que font-les mathématiciens ? Julien Barré s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée. Il est Maître de conférence au laboratoire MAPMO, à l’Université d’Orléans, où il effectue sa recherche dans le domaine de la physique statistique, notamment sur les systèmes de particules en interaction. Ses intérêts vont des mathématiques, notamment équations aux dérivées partielles et probabilités, à la modélisation expérimentale.

  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Il y a beaucoup de raisons : probablement parce que j’y arrivais bien, parce que c’était valorisé à l’école et à la maison (« fais des maths, après tu pourras faire ce que tu veux… »), parce que c’était ludique, et aussi parce que j’ai eu quelques vrais moments de plaisirs mathématiques pendant ma scolarité (des démonstrations de géométrie, l’approximation de pi, la démonstration que racine de 2) est irrationnel…). Mais en réalité, je ne suis pas sûr d’avoir une passion pour les mathématiques, ou en tous cas elle n’est pas exclusive, puisque je me suis pour un temps détourné des maths pour faire de la physique.
  • Parlez-nous de votre parcours scolaire/universitaire…
    J’ai eu un parcours assez classique pour un enseignant-chercheur ! Prépa, Ecole Normale Supérieure de Lyon, thèse, deux ans de post-doc aux Etats-Unis, et j’ai été recruté comme maître de conférences à Nice… Un peu moins classique : j’ai étudié les maths et la physique en parallèle, ce qui m’a beaucoup plu et détermine aujourd’hui ma recherche. 
  • Pourquoi avez-vous choisi une carrière dans la recherche ?
    Au départ, c’est à dire au lycée et en prépa, l’idée (et même l’idéal) de la recherche me plaisait, c’est pour cela que j’ai choisi une Ecole Normale Supérieure. Ensuite, à partir de la licence, faire de la recherche était en quelque sorte la pente naturelle de ma formation, je l’ai suivie avec plaisir.
  • Quel est votre domaine de recherche ?
    La physique statistique : il s’agit de chercher à comprendre comment les lois fondamentales de la physique, qui décrivent le monde de l’infiniment petit (les atomes par exemple), se manifestent à notre échelle, beaucoup, beaucoup plus grande. Il y a là des mathématiques passionnantes, des probabilités notamment. Ce qui me motive le plus, c’est de voir ces belles mathématiques décrire des phénomènes physiques réels. Je dirais aussi que c’est un domaine où une connaissance fine des mathématiques à l’oeuvre peut aider à une meilleure compréhension physique, ce qui bien sûr est fait pour me plaire.
  • Quel est le résultat qui vous a donné le plus de satisfaction ?
    Je crois que c’est en stage de M2 (DEA à l’époque…). Une nuit, j’ai compris comment répondre à une question que m’avait posée mon responsable de stage : il fallait comprendre pourquoi les particules (fictives) de nos simulations sur ordinateur ne s’organisaient pas comme attendu. C’était une toute petite question bien sûr, à peu près sans importance, mais il y avait la joie et l’excitation de «la découverte»…
  • Selon vous, quelles sont les raisons qui font des mathématiques la discipline scolaire la plus difficile et la moins aimée ?
    Je ne suis pas forcément d’accord avec l’idée que c’est la discipline la plus difficile ! Une des raisons qui la rendent mal aimée, c’est peut-être son utilisation comme outil de sélection. Mais il faudrait plutôt poser ces questions à quelqu’un qui n’aimait pas les maths à l’école…
  • Quelle est la réaction la plus inattendue que vous ayez eue quand vous expliquez que vous êtes mathématicien ?
    En général, la réaction c’est plutôt : « Ah moi j’étais nul en maths » ! Ou « Ah je détestais ça à l’école… » Mais récemment, on m’a dit : « Ah, les maths ! Moi je n’étais pas très bon, mais j’adorais ça ! »
  • En dehors des maths, comment passez-vous votre temps libre ? Quels sont vos passe-temps favoris ?
    Les jeunes enfants laissent assez peu de temps libre, mais je fais encore pas mal de sport (foot et course à pied).
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Vie de Mathématicienne – Séverine Boucheron http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2017/01/16/vie-de-mathematicienne-severine-boucheron/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2017/01/16/vie-de-mathematicienne-severine-boucheron/#respond Mon, 16 Jan 2017 09:55:53 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=1308 [...]]]> Que font les mathématiciens ? Séverine Boucheron (IFREMER) s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée.

1. D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?

Ce qui m’avait attiré dans les mathématiques étant petite, c’était le caractère logique et concret de cette matière. En effet, 3×3 faisait toujours 9 et la réponse à un problème était soit juste soit fausse. A la suite du lycée j’ai décidé d’étudier les mathématiques pour approfondir mes connaissances dans cette matière et découvrir plus en détail les différentes applications des mathématiques dans la vie de tous les jours.

2. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?

Après avoir obtenu un bac scientifique, j’ai fait une licence de mathématiques puis un master de mathématiques appliquées spécialisé en statistiques à l’université d’Orléans (ma ville d’origine).

3. Avez-vous eu envie de poursuivre vos études universitaires par une thèse ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière à l’université ?

Pour ma part je n’ai pas eu envie de poursuivre mes études par une thèse, j’étais curieuse de découvrir le monde industriel et surtout les divers domaines d’application des statistiques.

4. Comment êtes-vous entrée dans le monde industriel ?

Mon entrée dans le monde industriel s’est faite grâce aux stages que j’ai pu réaliser lors de mon Master. A la suite de mon Master, j’ai été retenue pour un poste d’Ingénieur Statisticien à l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER).

5. Que faites-vous actuellement (plus en détail) ?

Depuis 2012, l’IFREMER a mis en place un algorithme permettant de simuler les données relatives aux navires actifs à la pêche en France et dans les DOM-TOM à partir des données déclarées par les pêcheurs (quantités de poissons pêchés par mois, nombre de jours de pêche par mois, espèces pêchées, etc..). Mon travail actuel consiste à évaluer la qualité des données simulées par rapport aux données réelles obtenues par des observateurs (qui vont récolter les informations directement sur les ports).

L’objectif final étant la recherche de ports où les estimations issues des deux sources seraient similaires pour ainsi pouvoir garder les valeurs simulées par l’algorithme et réduire le nombre d’observateurs dans ces différents ports (le coût d’un enquêteur étant élevé, cela permettrait de limiter les dépenses).

6. Est-ce que vous êtes satisfaite de votre choix ?

Je suis entièrement satisfaite de mon choix : ce travail me permet d’appliquer mes connaissances, de travailler avec des statisticiens qui me conseillent et me permettent d’enrichir mes connaissances, et de découvrir un domaine très intéressant que je ne connaissais pas du tout.

7. Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?

Les statistiques sont très présentes dans mon métier. En effet je travaille sur de nombreuses tables de données dont le but est de tirer des informations grâce à des outils statistiques pour ensuite prendre des décisions. Il est aussi important de noter qu’à la suite de l’analyse des données, il y a toujours une partie rédaction et présentation des résultats.

8. Est-ce que vous êtes satisfaite de « l’application » de votre connaissance des mathématiques ?

Je suis très satisfaite de l’application de mes connaissances des mathématiques, et surtout, je suis ravie de pouvoir travailler en équipe, ce qui me permet de pouvoir partager mes connaissances et d’en acquérir de nouvelles chaque jour. De plus, je travaille sur divers projets pour lesquels les méthodes statistiques à utiliser sont différentes (statistiques descriptives, statistiques inférentielles), je ne suis donc pas limitée à un seul travail répétitif.

9. Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Je ne changerais rien dans ma vie comme mathématicienne. Pour l’avenir, je souhaite trouver un CDI dans une entreprise qui me conviendra et où j’aurais des possibilités d’évolution dans mon travail.

10. Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et pas toujours aimé parmi les autres sujets scolaires ?

Selon moi, les mathématiques peuvent être vues comme un sujet difficile car cette matière nécessite de connaître les bases vues chaque année. Les élèves ne maîtrisant pas les bases auront du mal à suivre l’année suivante, et ainsi de suite… (ce qui parait logique : les élèves ayant loupé un chapitre, auront plus de mal à comprendre la suite de l’histoire !). Quand les bases ne sont pas acquises, les mathématiques deviennent de plus en plus compliquées à comprendre au fur et à mesure du temps et la logique de plus en plus difficile à trouver. J’ai eu l’occasion de donner des cours particuliers de mathématiques (collège/lycée/BTS), et j’ai pu observer de grand progrès chez tous mes élèves une fois que les bases étaient réapprises et comprises : la logique leur revenait peu à peu.

11. Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?

Je conseillerais à tous les mathématiciens de bien se renseigner sur les entreprises, ce qu’elles font, leurs valeurs et leur mode de travail. L’important est de trouver un domaine d’application et un mode de travail qui nous plaît !

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Vie de Mathématicienne : Margot Auvray http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/07/31/vie-de-mathematicienne-margot-auvray/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/07/31/vie-de-mathematicienne-margot-auvray/#respond Fri, 31 Jul 2015 11:00:39 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=344 [...]]]> Pour ce numéro, c’est à une mathématicienne en herbe que nous avons proposé l’interview. Il s’agit de Margot Auvray, lycéenne au Lycée Camille Claudel à Blois, stagiaire au Centre Galois 2014.

margot

  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Je ne saurais pas dire exactement d’où vient ma passion pour les mathématiques, mais à mes yeux, c’est un domaine où la logique prime. Au fur et mesure des années, j’ai découvert que j’aimais manier les chiffres.
  • Avez-vous envie d’étudier les mathématiques à l’université ?
    Oui, j’ai envie d’étudier les mathématiques à l’université, les mathématiques sont un domaine qui me plaît, et dans lequel je me sens à l’aise. J’ai pour but de devenir professeur de mathématiques.
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et pas toujours aimé parmi les autres sujets scolaires ?Ce qui fait que les mathématiques sont un sujet difficile et pas toujours aimé parmi les autres matières, c’est que ce n’est pas obligatoirement en lisant son cours que l’on apprend, même si cela y contribue. Selon moi, il faut avant tout être logique dans son raisonnement, connaître ses bases, et s’intéresser au sujet, ce qui n’est pas obligatoirement le cas dans les autres matières.
  • Pouvez-vous décrire votre semaine au Centre Galois ?
    Durant cette semaine au Centre Galois, nous avons eu des cours de mathématiques mais aussi de physique. Les sujets étudiés étaient totalement différents de ceux du programme scolaire : nous avons abordé l’astronomie (avec la visite de la station de Nançay) mais également la place des mathématiques dans la magie, etc. Cette semaine m’a aussi permis de rencontrer des personnes extraordinaires.
  • Les activités suivies au Centre Galois ont-elles influencé vos choix dans vos orientations ?
    Oui, les activités du Centre Galois ont influencé mon orientation, car j’y ai découvert une façon d’enseigner différente de celle pratiquée dans les établissements scolaires (collèges, lycées).
  • Pourriez-vous donner trois points forts du Centre Galois ?
    En tout premier, l’un des avantages du Centre Galois est sa façon de nous apprendre les mathématiques dans une très bonne ambiance ; nous y rencontrons également des personnes magnifiques, que ce soient des enseignants ou des élèves ; et c’est aussi une expérience unique que je conseille à n’importe quel élève pouvant se présenter.
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Vie de Mathématicienne : Julie Antic http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/03/21/vie-de-mathematicienne-julie-antic/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/03/21/vie-de-mathematicienne-julie-antic/#respond Sat, 21 Mar 2015 11:00:25 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=322 [...]]]> verneuilQue font les mathématiciens ? Julie Antic s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée.
  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Depuis l’école primaire, j’ai toujours préféré les mathématiques aux autres matières. Elles m’ont toujours semblé plus simples par leur caractère manichéen, si rassurant : c’est juste ou c’est faux, pas de nuances subjectives, difficiles à appréhender…
    Ma réelle passion pour les mathématiques s’est construite au fur et à mesure, mais principalement à partir du lycée, quand on commence à découvrir toute l’étendue des connaissances mathématiques, et à deviner leur pouvoir.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    J’ai passé un bac scientifique avec la spécialité mathématiques en 2001. Ensuite, je suis entrée dans une école d’ingénieur avec prépa intégrée : l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) à Toulouse. J’étais rassurée par ce cursus moins périlleux que les prépas classiques. De plus, il me permettait de repousser à plus tard le choix entre une carrière dans les mathématiques (c’était ma matière préférée, mais j’avais du mal à imaginer les métiers possibles) et la biologie (je n’étais pas fan de la chimie mais j’étais très attirée par les métiers autour de l’agriculture, de l’agronomie, de l’environnement). À l’issue des deux années de prépa, j’étais fermement décidée à poursuivre dans les mathématiques. J’ai donc choisi la filière mathématiques et modélisation, puis la spécialité statistiques.
  • Avez-vous eu envie de poursuivre vos études universitaires par une thèse ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?
    Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieur, j’ai poursuivi mes études par une thèse CIFRE (conventions industrielles de formation par la recherche). Pour être honnête, cette thèse était avant tout motivée par une envie de profiter un peu plus longtemps de la vie d’étudiante… A priori, j’étais plus attirée par l’industrie que par une carrière universitaire. Mais cette thèse était le moyen idéal pour se décider puisqu’elle m’a fait découvrir la recherche universitaire, l’enseignement et l’industrie.
    Finalement, j’ai beaucoup apprécié l’enseignement et l’industrie, et j’ai réalisé que la recherche me convenait moins bien : elle offre plus de liberté et d’autonomie, mais elle favorise moins le travail en équipe et n’apporte pas la stimulation créée par des objectifs et des échéances fermes.
  • Comment êtes-vous entrée dans le monde industriel ?
    Je suis entrée dans le monde industriel très progressivement via la thèse CIFRE. Elle m’a permis de travailler pendant trois ans en partenariat avec l’industrie pharmaceutique, et de passer 6 mois au sein de leur équipe dans leurs bureaux.
    Après ma thèse, j’avais envie de travailler dans l’industrie. Le plus naturel aurait été de poursuivre dans l’industrie pharmaceutique, mais je n’ai pas réussi à trouver de poste à Toulouse (ville à laquelle je suis très attachée). J’ai donc élargi mes recherches et finalement été recrutée dans l’industrie spatiale. Mon supérieur était intéressé par mes compétences en mathématiques et mon goût pour l’industrie et les applications, même si je ne connaissais rien au spatial ! La polyvalence des mathématiques est une grande force.
  • Pourquoi avez-vous choisi cette carrière ?
    Je n’ai pas vraiment choisi ma carrière car j’avais beaucoup de mal à imaginer la carrière d’un mathématicien dans l’industrie. Je me suis laissée porter par mes goûts et les opportunités proposées au fur et à mesure de mes études. Cependant, j’ai toujours veillé à ce qu’il y ait de réels débouchés professionnels à la sortie. Concernant les mathématiques, j’ai été vite rassurée : les industries aérospatiales (pour le calcul numérique) et la finance (pour les statistiques) sont aujourd’hui de très gros recruteurs de mathématiciens. J’ai découvert ensuite qu’il existe aussi des opportunités dans beaucoup d’autres filières.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détail) ?
    Je développe des logiciels qui aident à la conception des antennes satellites. Les antennes satellites sont souvent méconnues, mais elles sont omniprésentes dans notre vie de tous les jours. Elles permettent :

    • de recevoir la télévision grâce à une parabole
    • de se localiser n’importe où sur Terre (avec le système GPS et très bientôt Galiléo)
    • de prendre des « photos » de la Terre (pour google maps par exemple) ou de l’espace,
    • de faire des mesures très utiles pour la météo et l’étude de notre environnement (hauteur des vagues, surface de forêts, de banquises…)… etc.

    Plus précisément, mon travail consiste à implémenter dans des logiciels une modélisation des antennes la plus proche possible de la réalité. Ces logiciels sont ensuite utilisés pour optimiser la conception des antennes, prédire leurs performances… Plus les modèles mathématiques arrivent à reproduire de manière fiable la réalité, plus ils permettront d’économiser la fabrication de prototypes, la réalisation de campagnes de mesures très coûteuses, et de trouver rapidement l’antenne la plus adaptée au besoin du client. L’enjeu est donc de proposer des modèles de plus en plus complexes, mais avec des temps de calcul raisonnables !

  • Est-ce que vous êtes satisfaite de votre choix ?
    Je suis très satisfaite de mon choix de carrière. Mon poste d’ingénieur me permet de faire des mathématiques et de voir très concrètement à quoi elles servent : la mise en service d’un satellite est un aboutissement très concret !
    En plus de ce travail d’ingénieur, j’ai la chance d’enseigner quelques heures par an à des élèves ingénieurs. Cette tâche de transmission est pour moi très gratifiante.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Les mathématiques jouent un rôle très important pour trouver/améliorer une modélisation, ou proposer de nouveaux algorithmes (pour réduire les temps de calcul ou améliorer leur convergence). Je les utilise aussi souvent pour des calculs « simples » très divers : géométrie, dérivation, intégration… Malheureusement, je n’ai pas la chance de faire des mathématiques tous les jours ! Le quotidien comporte aussi une part d’informatique et d’administratif.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    C’est ma thèse qui a le plus fait appel aux mathématiques. Elle était appliquée à la pharmacocinétique : l’étude de l’élimination des médicaments par notre organisme (sous quelle forme, à quelle vitesse…). La pharmacocinétique est essentielle pour trouver le meilleur dosage (c’est-à-dire celui qui permettra de maximiser les effets du médicament tout en limitant ses effets secondaires). Les variables pharmacocinétiques sont généralement similaires chez tous les individus. Les principaux modèles mathématiques supposent donc que ces variables suivent une distribution « normale », c’est-à-dire que les valeurs les plus proches de la moyenne sont les plus probables. Cependant pour certaines molécules, on observe des différences dans la population des patients, qui sont difficiles à expliquer. Dans ce cas, l’hypothèse de normalité des variables n’est pas valable. Ma thèse visait donc à proposer des méthodes de modélisation qui ne reposent pas sur cette hypothèse. Elle a nécessité beaucoup d’études bibliographiques, l’implémentation de nombreux algorithmes, et des recherches principalement en optimisation.
  • Est-ce que vous êtes satisfaite de « l’application » de votre connaissance des mathématiques ?
    Les applications sont le moteur principal de ma motivation. Je trouve très stimulant de travailler dans des équipes pluridisciplinaires, pour plusieurs raisons. Premièrement, je retrouve les caractéristiques de l’enseignement : plaisir de l’échange, nécessité de synthèse et de pédagogie, extraction des caractéristiques essentielles des modèles (domaine d’application, hypothèses principales) sans se perdre dans les détails complexes des algorithmes. De plus, j’apprends énormément car il est indispensable de très bien comprendre l’application visée pour proposer un modèle pertinent. Ces échanges avec des personnes, généralement passionnées, sont extrêmement enrichissants.
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Mon travail est globalement très intéressant, cependant il comporte une part de tâches répétitives ou peu intéressantes. Par exemple, je dois parfois implémenter des logiciels, certes utiles, mais très peu exigeants intellectuellement. Dans l’idéal, j’aimerais toujours avoir l’occasion d’apprendre et de progresser.
    Pour l’avenir, j’ai l’impression que je vais devoir choisir entre une spécialisation en mathématiques/modélisation (quitte à élargir le domaine d’application) ou dans les antennes satellites (en mettant un peu de côté les mathématiques). Je n’ai pas encore pris de décision. Comme à mon habitude, je pense qu’elle dépendra essentiellement des opportunités qui se présenteront. Dans tous les cas, j’apprécie beaucoup la grande diversité des possibilités offertes quand on a un profil « maths appli ».
  • Selon vous, quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et pas toujours aimé parmi les autres sujets scolaires ?
    Pour moi, le problème est que les mathématiques sont aujourd’hui plus utilisées comme moyen de sélection des élèves que pour leur utilité dans la vie courante et professionnelle. Il me semble que cela met beaucoup de pression sur cette matière, et potentiellement de dégoût. Les programmes scolaires en mathématiques me semblent plutôt exigeants (par rapport aux autres pays) et peu orientés vers les applications concrètes. Ne devrait-on pas apprendre très tôt comment calculer les intérêts d’un prêt ? À interpréter des données statistiques, largement utilisées comme arguments par les médias, les politiques ?
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?
    Je les encouragerais ! Les mathématiques offrent des carrières intéressantes. Aujourd’hui, il n’existe pas de métier-type du « mathématicien dans l’industrie ». C’est un peu déroutant car on n’entre pas dans un cadre de poste bien connu et identifié (j’ai souvent du mal à expliquer que je ne suis ni informaticienne, ni ingénieur antenne). Mais cela offre une grande liberté. On peut adapter notre poste à nos aptitudes et à nos goûts : plus orienté vers les mathématiques, l’informatique, les applications…
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Le questionnaire de Proust : Virginie Bonnaillie-Noël http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/03/21/le-questionnaire-de-proust-virginie-bonnaillie-noel/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/03/21/le-questionnaire-de-proust-virginie-bonnaillie-noel/#respond Sat, 21 Mar 2015 11:00:09 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=324 [...]]]> bonnaillieVirginie Bonnaillie-Noël est Directrice de recherche au CNRS au département de mathématiques et applications de l’Ecole normale supérieure depuis 2014. Elle a été faite Chevalier de l’Ordre National du Mérite en 2011 et a reçu le prix Irène Joliot-Curie en 2009. Elle a reçu également la médaille de bronze du CNRS en 2008. Ses travaux de recherche portent notamment sur les supraconducteurs, l’équation de Schrödinger, les équations de Navier en utilisant l’analyse asymptotique, l’optimisation ou les simulations numériques.

 

  • Ma vertu préférée en mathématiques
    La diversité.
  • Le principal trait de mon caractère mathématique
    L’engagement.
  • La qualité que je préfère chez les mathématiciens
    L’honnêteté.
  • La qualité que je préfère en mathématiques
    La nouveauté.
  • Mon principal défaut comme mathématicienne
    La dispersion.
  • Ma lecture mathématique préférée
    Braes, Rudin, Reed-Simon, Fournais-Helffer.
  • Mon rêve comme mathématicienne / Mon cauchemar comme mathématicienne.
    Avoir du temps / Ne pas réussir à tenir les délais
  • La faiblesse principale des mathématiques
    La difficulté parfois de les communiquer à l’extérieur
  • La mathématicienne que je voudrais être
    Aucune en particulier
  • Le théorème que je préfère
    Les théorèmes de convergence (théorique ou d’analyse numérique).
  • L’application des mathématiques que je préfère
    L’application à la médecine.
  • Les mathématiciens qui m’ont orientée
    François Alouges, Bernard Helffer, Maria Esteban, Michel Pierre, Laurent Di Menza, Thierry Gallay, Patrick Gérard, Jean Voedts… et bien d’autres chaque jour !
  • Les mathématiciens qui m’ont dissuadée
    Disons que certains enseignants m’ont « convaincue » de ne pas m’orienter vers certains domaines des mathématiques…
  • Le nom de variable que je préfère
    x, l’inconnu(e).
  • Le type de calcul que je préfère
    Les simulations numériques et les développements asymptotiques.
  • Le type de calcul que j’utilise
    Les simulations numériques et les développements asymptotiques.
  • Le type de calcul que je trouve le plus ennuyeux
    Certains calculs explicites : on repousse souvent le moment où on devra s’y confronter.
  • Les dénominations mathématiques que je préfère (théorème, corollaire…)
    Exemple
  • L’entreprise scientifique que j’estime le plus
    L’ordinateur
  • Le don de la nature que je voudrais avoir.
    La faculté d’avoir besoin de très peu dormir (voire pas du tout…)
  • Comment j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme mathématicienne
    Comme d’une mathématicienne épanouie et pleinement investie dans son travail à la fois de recherche, d’animation et de diffusion.
  • L’état présent de mes recherches
    Arrivée dans un nouveau laboratoire très récemment, je voudrais lancer de nouvelles collaborations et terminer tout ce qui est déjà en chantier…
  • La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
    Une erreur de calcul.
  • Ma devise
    Ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir…En d’autres termes, plus ça rate et plus on a de chances que ça marche…
  • Pourquoi la recherche mathématique est-elle masculine ?
    Ce n’est pas la recherche qui est masculine mais la majorité des gens qui la font. Pour le moment… Beaucoup d’actions sont mises en place pour arriver à davantage de mixité.
  • Dans quelle mesure le travail compte-t-il dans la résolution de problèmes mathématiques ?
    Sans travail, il n’y a pas de résultat !
  • Dans quelle mesure le formalisme compte-t-il ?
    Énormément : bien formaliser le problème constitue le point clé du problème et donne une bonne partie de sa résolution.
  • Mathématiques et grammaire sont-elles liées ?
    Pour ma part, pas trop. Mais je peux comprendre que ça le soit pour certaines personnes.
  • Parlez-vous « mathématique » correctement ?
    Je l’espère… mais malheureusement avec quelques fautes de temps en temps… que j’essaie de corriger.
  • À quel point faut-il être douée pour réussir en mathématique ? Pourquoi faut-il avoir moins de trente ans ?
    Je ne pense pas qu’il faille être doué outre mesure pour réussir. Je pense surtout qu’il faut être motivé et ne pas hésiter à s’acharner parfois sur quelques problèmes. Quant à avoir moins de trente ans, je ne sais pas. J’ai largement dépassé les 30 ans et j’espère que je pourrai encore avoir quelques réussites mathématiques !
  • Êtes-vous douée ? Depuis quand ?
    Non, je ne suis pas spécialement douée. Je suis plutôt travailleuse et j’essaie d’être aussi organisée que possible.
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Vie de Mathématicien : Vincent Verneuil http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/11/22/vie-de-mathematicien-vincent-verneuil/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/11/22/vie-de-mathematicien-vincent-verneuil/#respond Sat, 22 Nov 2014 11:00:46 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=291 [...]]]> verneuilQue font les mathématiciens ? Vincent Verneuil s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée. Il est analyste en sécurité chez NXP Semiconductors, à Hambourg.
  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Les mathématiques m’ont attiré depuis les premiers cours de géométrie à l’école primaire parce qu’il s’agissait de la seule matière qui repose uniquement sur la logique. Et pour moi les problèmes logiques ont toujours été ludiques, un peu comme les jeux de Picsou magazine… Il n’y a que la forme qui soit différente ! J’aimais aussi les autres matières comme le français, l’histoire, etc., mais ce n’était pas aussi amusant que les maths.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    À l’école primaire, j’ai eu des instituteurs passionnés qui m’ont donné envie de devenir professeur des écoles. Ce projet m’a suivi jusqu’à la fin du lycée. Il faut dire que mes parents n’ont jamais tenté d’influencer mes choix ou de m’orienter vers une autre voie. Ainsi je n’avais pas la pression que beaucoup d’enfants subissent aujourd’hui, me semble-t-il. J’ai récolté de bonnes notes sans trop me soucier de l’avenir et me suis inscrit à l’université pour étudier les mathématiques plutôt que dans une prépa prestigieuse comme l’auraient souhaité certains de mes professeurs.
    C’est à l’université que j’ai eu des doutes sur ma vocation d’instituteur. J’ai aussi lu un livre sur l’histoire de la cryptographie qui m’a passionné (L’histoire des codes secrets de Simon Singh) et j’ai découvert qu’il existait un master de cryptologie dans mon université. Si mes souvenirs sont exacts, je m’y suis inscrit sans trop me soucier des débouchés professionnels…
  • Avez-vous eu envie de poursuivre vos études universitaires par une thèse ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?À l’issue du master, je n’avais pas pour projet de faire une thèse. Je souhaitais avant tout travailler et prendre mon indépendance, ce qui pour moi était en contradiction avec l’idée de rester étudiant… Mon stage de fin de master m’a emmené en région parisienne, ce qui m’a fait sortir de ma « bulle » bordelaise. J’ai eu l’intuition que mes études n’étaient pas encore terminées et je me suis inscrit dans le mastère spécialisé (c’est-à-dire un bac +6) « Sécurité de l’information et des systèmes » de l’ESIEA à Paris. C’est là que l’on m’a expliqué qu’une thèse pouvait se dérouler en entreprise et ce compromis m’a tout de suite attiré.
    Faire carrière à l’université n’a jamais été mon projet, bien qu’aujourd’hui j’y pense quelquefois. Malheureusement les passerelles entre le monde industriel et le monde académique sont à ma connaissance trop limitées.
  • Comment êtes-vous entré dans le monde industriel ?
    Mon stage de mastère spécialisé s’est déroulé en région bordelaise dans le service validant la sécurité des produits cryptographiques chez Oberthur Technologies. Il était prévu que le stage soit suivi d’une thèse CIFRE, ce qui n’a pas pu se faire en raison d’un gel des recrutements au niveau national (nous étions alors en 2008). J’ai donc postulé à différents postes dans le domaine de la cryptographie embarquée sur carte à puce et j’ai décroché une autre thèse CIFRE à Inside Secure à Aix-en-Provence sur un sujet proche de mon sujet de stage : l’implémentation de la cryptographie à base de courbes elliptiques sur carte à puce.
  • Pourquoi avez-vous choisi cette carrière ?
    Je n’ai pas le sentiment d’avoir consciemment « choisi » cette carrière plutôt qu’une autre. Je n’ai fait que suivre mes centres d’intérêts. J’ai le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance car ceux-ci m’ont porté vers un domaine où l’on trouve facilement du travail.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détail) ?
    Après la fin de ma thèse, j’ai continué à travailler quelque temps chez Inside, puis j’ai eu envie de vivre une expérience à l’étranger, ce que je n’avais pas eu l’occasion de faire pendant mes études. Je dois dire que ma compagne m’a encouragé dans cette voie, ce qui a été très important pour franchir le pas.
    J’ai donc postulé pour un poste à Hambourg dans l’équipe d’analyse de vulnérabilité chez NXP. Dans cette équipe, nous jouons le rôle de « hackers » afin de mettre à l’épreuve la sécurité des composants (destinés à être embarqués sur des cartes bancaires, dans des passeports ou encore des boîtiers de télévision à péages). Je continue donc d’appliquer les attaques dites « par canaux auxiliaires » que j’ai étudiées pendant ma thèse sur des produits avant qu’ils ne partent dans des laboratoires de certification. Ces attaques consistent par exemple à étudier la consommation de courant d’un processeur pendant qu’il effectue une opération de cryptographie afin de s’assurer qu’elle ne divulgue pas d’information sur la clef secrète utilisée.
  • Est-ce que vous êtes satisfait de votre choix ?
    Je suis très satisfait de mon poste actuel. Bien que la recherche ne soit pas mon activité principale, j’en reste très proche car nous devons rester constamment à « l’état de l’art » des attaques publiées. Nous sommes donc en lien direct avec le monde académique, ce qui est important pour moi.
    Je suis également très heureux à Hambourg. C’est une ville très agréable, à l’opposé de l’image austère que l’on en a parfois.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Mon travail ne consiste pas à faire des mathématiques à proprement parler, pourtant je ne pourrais pas le faire correctement si je n’avais pas cette formation. Une des difficultés de notre mission de sécurisation des composants est que nous avons face à nous des attaquants qui n’ont qu’à « réussir une fois » pour contourner nos mesures de sécurité, alors que nous, nous devons « réussir toujours » pour protéger les produits contre les attaques.
    Dans ce contexte, le raisonnement mathématique est le seul qui puisse apporter une preuve de sécurité face à un adversaire que nous modélisons par des hypothèses (son degré de connaissance du produit, sa capacité à interagir avec le composant, etc.).
    Sans les mathématiques, nous ne ferions qu’appliquer des contre-mesures à l’aveugle pour parer telle ou telle attaque. En revanche, avec les mathématiques nous avons la capacité de concevoir des contre-mesures qui protègent les composants d’une large classe d’attaque. Lorsque toutes les classes d’attaques connues sont couvertes, on peut considérer le produit comme sécurisé.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    Les mathématiques sont utiles dans deux domaines de mon métier : la cryptographie d’une part, car de nombreux algorithmes cryptographiques (en particulier dans le domaine de la cryptographie à clef publique) reposent sur la théorie des nombres et l’algèbre, et l’analyse des composants d’autre part, où une démarche mathématique est nécessaire pour garantir qu’une attaque est efficacement couverte. Cette tâche fait aussi appel à des connaissances en statistiques, traitement du signal, informatique, etc.
  • Est-ce que vous êtes satisfait de « l’application » de votre connaissance des mathématiques ?
    Comme je l’ai expliqué, mon métier fait appel à de nombreuses disciplines des mathématiques que j’ai étudiées pendant mon cursus universitaire. Mais le plus important reste à mon avis la démarche mathématique qui interdit de prendre pour acquis quelque chose que l’on n’a pas démontré. Les exemples d’échec dans le domaine de la cryptographie et de la sécurité sont nombreux lorsque ce principe n’est pas respecté !
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicien ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Je ne me considère pas comme un mathématicien à proprement parler. Le métier que j’exerce fait appel aux mathématiques, mais aussi à l’informatique et à l’électronique par exemple.
    Je n’ai pas de projet précis pour l’avenir, je compte poursuivre ma découverte du champ des attaques sur composants embarqués. Je souhaite rester du côté technique de ce domaine : le management, très peu pour moi !
    Une chose est sûre : si un jour je ne m’amuse plus dans mon métier ou que je cesse d’apprendre de nouvelles choses, c’est qu’il est temps pour moi de passer à autre chose.
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques la matière scolaire la plus difficile et la plus redoutée ?
    Premièrement, l’aspect ludique des mathématiques que j’ai évoqué plus haut n’est probablement pas assez exploité ou mis en valeur à l’école ! Si l’on apprenait les maths au travers de « jeux » plutôt que de « problèmes », cela rebuterait peut-être moins les écoliers. Bien sûr, à partir d’un certain niveau, la capacité à raisonner sur des concepts abstraits constitue une barrière pour certains. C’est tout à fait normal : tout le monde n’a pas vocation à devenir mathématicien.
    Ensuite, il y a une tendance de fond dans notre société qui tend à dissocier l’amusement et la réflexion, le plaisir et l’effort. Pourtant si on leur accorde du temps et quelques efforts, les mathématiques apportent beaucoup de plaisir et peuvent être à la fois amusantes et très surprenantes. Je pense qu’il n’est pas juste de considérer les mathématiques – ainsi que les autres sciences fondamentales – comme trop difficiles.
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?
    Il faut bien sûr s’intéresser au monde industriel et aux problématiques qui peuvent trouver des solutions dans les mathématiques. Il y a beaucoup de travail dans les domaines de l’optimisation, de la modélisation, des statistiques, etc. Je pense aussi qu’il faut faire preuve de créativité et avoir l’esprit d’initiative car un industriel n’a pas nécessairement conscience que les mathématiques peuvent apporter une solution à ses problèmes.
    Ensuite il faut savoir que le monde industriel fonctionne différemment du monde académique. Pour autant que je puisse dire, l’un n’est pas meilleur que l’autre : chacun a ses avantages et ses inconvénients !
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Le questionnaire de Proust : Aline Bonami http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/11/22/le-questionnaire-de-proust-aline-bonami/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/11/22/le-questionnaire-de-proust-aline-bonami/#respond Sat, 22 Nov 2014 11:00:26 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=299 [...]]]> bonamiAline Bonami est professeur émérite à l’université d’Orléans. Elle a travaillé dans de nombreux domaines des mathématiques – analyse harmonique, analyse complexe, probabilités, équations aux dérivées partielles – en abolissant les frontières entre maths pures et appliquées, passant de l’analyse complexe à la détection de l’ostéoporose par exemple. Elle a représenté les mathématiciens dans de nombreuses institutions (CNU, CNRS, ministère, SMF). Tout au long de sa carrière, elle n’a cessé de s’intéresser à la recherche en mathématiques dans les pays en voie de développement.
  • Ma vertu préférée en mathématiques
    La curiosité.
  • Le principal trait de mon caractère mathématique
    L’éclectisme.
  • La qualité que je préfère chez les mathématiciens
    Leur honnêteté.
  • La qualité que je préfère en mathématiques
    L’imagination.
  • Mon principal défaut comme mathématicienne
    Le dilettantisme.
  • Ma lecture mathématique préférée
    À chaque moment la dernière en date, si du moins elle m’a plu. Actuellement le livre de Wiener, « La Cybernétique ».
  • Mon rêve comme mathématicienne / Mon cauchemar comme mathématicienne.
    Réussir à visualiser une longue et belle démonstration, avec plein de découpages / être engluée au milieu d’une démonstration sans rien y voir.
  • La faiblesse principale des mathématiques
    Leur éloignement des autres sciences, les difficultés de communication.
  • La mathématicienne que je voudrais être
    Que je voudrais être, ou pourrais être ? Mes modèles absolus sont Jean Bourgain et Terence Tao, qui ont une capacité d’imagination extraordinaire.
  • Le théorème que je préfère
    Le théorème de différentiation de Lebesgue.
  • L’application des mathématiques que je préfère
    Le traitement du signal : l’utilisation universelle du théorème d’échantillonnage, c’est quelque chose de fascinant…
  • Les mathématiciens qui m’ont orientée
    Yves Meyer, Jean-Pierre Kahane, et aussi Eli Stein et l’école américaine d’analyse réelle.
  • Les mathématiciens qui m’ont dissuadée
    Peut-être y en a-t-il eu d’autres que moi-même aux moments de doute, mais j’ai oublié.
  • Le nom de variable que je préfère
    Lambda, qu’on utilise pour décrire le spectre d’une série trigonométrique lacunaire.
  • Le type de calcul que je préfère
    J’aime découper les intégrales en petits morceaux pour pouvoir les estimer. J’aime qu’il y ait besoin d’arguments combinatoires pour arriver à organiser les calculs.
  • Le type de calcul que j’utilise
    L’analyse de Fourier et différentes techniques d’analyse réelle.
  • Le type de calcul que je trouve le plus ennuyeux
    Les calculs explicites lorsqu’on n’arrive pas à les ordonner pour pouvoir les comprendre.
  • Les dénominations mathématiques que je préfère (théorème, corollaire…)
    Lemme : les petits lemmes, ce sont les briques des démonstrations.
  • L’entreprise scientifique que j’estime le plus
    Je suis fascinée par les commencements, les premières inventions. Celles qui n’étaient pas formalisées comme telles, l’invention des machines-outils, de la brouette…
  • Le don de la nature que je voudrais avoir.
    Un don qu’on perd avec l’âge, le don de dormir à la demande. Quand j’étais jeune j’avais besoin de beaucoup de sommeil. Comme les maths, à certains moments de la recherche, ont tendance à être obsédantes, elles m’empêchaient de dormir, ce que je ne supportais pas plus d’une nuit. Maintenant un bon sommeil m’est nécessaire pour pouvoir faire des maths le lendemain, et ce n’est pas gagné.
  • Comment j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme mathématicienne
    Comme quelqu’un d’ouvert, qui n’hésite pas à prendre de son temps pour aider les autres. Et, accessoirement, comme l’auteur de quelques lemmes.
  • L’état présent de mes recherches
    Des chantiers dans beaucoup de directions, au gré des collaborations.
  • La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
    Les erreurs de calcul, alors que j’ai peu d’indulgence pour les fautes de raisonnement, surtout les miennes.
  • Ma deviseMe faire confiance, suivre mon intuition.
  • Pourquoi la recherche mathématique est-elle masculine ?
    La recherche n’est pas masculine par essence. Par contre, si on utilise un vocabulaire guerrier pour la décrire, ce qu’on fait couramment (on se bat avec un calcul, on attaque un problème…), elle le devient. J’ai beaucoup aimé le livre d’Isabelle Stengers « Une autre science est possible ! », dans lequel ces idées sont développées. Peut-être un jour valorisera-t-on les aspects collaboratifs de la recherche plus que la compétition entre chercheurs ? Il faut espérer, pour le bien des mathématiques elles-mêmes, que la communauté mathématique sera plus équilibrée du point de vue mixité, et aussi diversité. Il faut agir en ce sens.
  • Les mathématiques appliquées s’étendent-elles à la même vitesse que celle des algorithmes mathématiques ?
    Je ne comprends pas bien la question. Les mathématiciens appliqués ne trouvent évidemment pas des théorèmes d’existence ou de convergence dès qu’un bon algorithme a été trouvé, par un mathématicien ou quelqu’un d’autre : ingénieur, informaticien, mécanicien, physicien… Ce qui ne contredit pas le fait qu’il est important que les mathématiciens s’intéressent aux applications, même lorsque il n’y a pas de théorème en vue. Il y a eu beaucoup de progrès récents dans cette direction en France.
  • Dans quelle mesure le travail compte-t-il dans la résolution de problèmes mathématiques ?
    On peut avoir la nostalgie de la résolution de problèmes au lycée, où il suffisait d’avoir la bonne idée sans beaucoup travailler. En recherche il faut beaucoup de travail. Il faut par contre beaucoup de liberté dans sa manière de travailler. Il ne s’agit pas de s’asseoir à sa table et de lire ou écrire, il y a des jours où ça ne servirait à rien (du moins pour moi). On avance quand le problème est complètement entêtant et vous accompagne partout.La culture générale, qui s’acquiert au fil des ans, joue un rôle important. On ne l’acquiert pas sans travail, mais c’est un travail plus léger, désintéressé, au cours duquel on se laisse entraîner de lecture en lecture, de séminaire en séminaire. Malheureusement les contraintes actuelles n’aident pas les jeunes collègues à y consacrer du temps.
  • Dans quelle mesure le formalisme compte-t-il ?
    Le formalisme est inhérent aux mathématiques, il n’y a pas de mathématiques sans formalisme. Ceci dit, il vaut mieux qu’il reste léger et ne soit pas un carcan. En analyse harmonique, il y a 40 ans, beaucoup de résultats étaient écrits pour les groupes abéliens localement compacts généraux. C’était souvent un formalisme inutile, les vraies difficultés, ainsi que les applications, concernant les séries et intégrales de Fourier. Inversement le recours à un formalisme adapté est évidemment souvent déterminant.
  • Mathématiques et grammaire sont-elles liées ?
    Je suis assez mal à l’aise avec cette idée de liens privilégiés entre les mathématiques et la musique, les mathématiques et la grammaire, etc., au-delà de ce que nous apprend l’histoire des sciences. Elle sous-tend souvent l’idée que le « don » pour les mathématiques s’accompagne automatiquement de dons pour un certain nombre de disciplines. Je ne le constate pas sur moi.
  • Parlez-vous « mathématique » correctement ?
    Aux autres d’en juger.
  • À quel point faut-il être douée pour réussir en mathématique ? Pourquoi faut-il avoir moins de trente ans ?
    C’est comme dans toute autre activité, il faut y réussir raisonnablement pour y trouver du goût. Inné ou acquis… quand on parle de don on pense bien évidemment à l’inné. Mais comme on dit pour d’autres identités, on ne naît pas mathématicien-ne, on le devient. Moins de 30 ans ? Bien entendu beaucoup de mathématiques se sont faites après 30 ans, 40 ans, voire 60 ans ou plus. Mais il me semble vrai qu’on a plus d’imagination avant 30 ans, plus de culture après. J’ai l’impression de m’être forgé le goût avant 30 ans, mais de m’être libérée après 50. « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ».
  • Êtes-vous douée ? Depuis quand ?
    Est-ce vraiment une question à laquelle on peut répondre ? Dire non est absurde au regard de tous celles et ceux qui ont du mal avec les mathématiques, dire oui est outrecuidant, dire que le don s’acquiert n’a pas vraiment de sens. Il vaut bien mieux dire que le plaisir des maths reste entier, après des années.
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Vie de Mathématicien : François Sauvageot http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/06/24/vie-de-mathematicien-francois-sauvageot/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/06/24/vie-de-mathematicien-francois-sauvageot/#respond Tue, 24 Jun 2014 11:00:30 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=275 [...]]]> francoisQue font-les mathématiciens ? François Sauvageot, professeur en classes préparatoires aux grandes écoles, s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée.

 

  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Je me suis passionné très tôt pour les maths. Avant même de savoir ce que c’était, en fait. Le monde mathématique est un monde de paix, un monde stable sans turbulences et sans arbitraire. En ce sens il est très sécurisant. Par ailleurs les maths sont un espace de liberté et de créativité que l’on peut parcourir bien avant de savoir lire et écrire. Je crois que mon amour pour les maths s’est développé avec les histoires que je me racontais tout petit.
  • Comment êtes-vous devenu enseignant en classes préparatoires ?
    C’est une longue histoire ! Pour faire court, après avoir préparé des étudiants au CAPES et à l’agrégation, puis être intervenu en IUFM (les anciens ESPE) pour former des profs des écoles, je me suis passionné pour la communication avec le grand public. J’ai beaucoup œuvré pour la fête de la science. Et puis quand ma fille aînée a atteint l’âge d’entrer au collège, nous avons décidé, ma femme et moi, de quitter la région parisienne, ses transports, sa pollution, sa violence. Nous étions tous les deux maîtres de conférences, elle en physico-chimie de l’atmosphère et moi en maths. Quitter la région parisienne a eu un prix assez fort !
    Après quelques espoirs liés à des échanges de postes, tous avortés, des mutations, qui n’ont jamais abouti, nous avons décidé de tenter l’aventure : on m’a proposé un CDD au CNRS pour m’occuper de communication en maths. Je devais travailler pour l’ancêtre de l’INSMI et pour un institut de communication du CNRS, l’ISCC. Ma femme, quant à elle, a dû prendre un congé sans solde et espérait faire aboutir une mutation ou trouver un job dans la qualité de l’air. Rien de tout cela n’a abouti et mon CDD ne durait que deux ans. Nous avions alors le choix entre rentrer bredouilles à Paris et récupérer nos postes de maîtres de conférences, ou trouver une autre solution. Ma femme a alors pris sa retraite (on pouvait encore, à l’époque, avec trois enfants et quinze années de service) et j’ai demandé ma réintégration comme prof agrégé.
    Pour tout dire, j’avais plutôt envisagé de demander à devenir prof des écoles. On m’a alors expliqué que j’étais surqualifié pour le job. Incroyable mais vrai. On avait même des doutes quant à l’idée de me nommer en collège. En même temps le collège est terriblement dur et je n’avais pas une grande envie d’y aller. En fait, la réalité était qu’il était plus facile de me nommer en classe prépa qu’ailleurs car la décision appartenait alors à seulement quelques personnes (à savoir l’inspection générale de maths). J’ai donc postulé en classe prépa et j’ai demandé une classe où les maths ne sont pas la matière de sélection (enfin, pas trop), à savoir BCPST, biologie-chimie-physique-sciences de la terre.
  • La vulgarisation des mathématiques est une partie importante de votre travail. Vous vous êtes engagé dans plusieurs actions pour le grand public, on vous a notamment vu récemment dans le film « Comment j’ai détesté les maths ». Qu’est qui vous plaît dans ce type d’activité ?
    Le contact avec le grand public m’est devenu nécessaire. Comme me l’a appris ma prof de troisième, Michèle Mathiaud, transmettre est un art difficile. Et je le trouve passionnant parce que rien n’est acquis. Mes étudiant(e)s n’ont pas vraiment le choix : le programme me dicte ce que je dois leur transmettre et après il faut bien qu’ils s’y mettent. Bien sûr il m’arrive souvent de digresser, mais fondamentalement c’est un public captif.
    Rien de tel avec le grand public ! Quand je parle de démocratie, de vote, d’impôts, de camping, d’inondations etc. avec une audience variée, je ne sais jamais à quoi m’attendre : de la sympathie ou au contraire une attitude agressive. Et pourquoi ? Comment réconcilier les gens avec les maths ? Comment faire avec leurs blessures mathématiques ?
    Et puis cela m’a amené à faire de nombreuses rencontres, au détour d’une conférence, et même parfois dans la rue. Que ce soit des professionnel(le)s ou non, j’ai appris énormément au contact de gens qui sont venus me voir. Et j’espère bien que ça va continuer ainsi encore longtemps !
    Au fait, je n’aime pas trop le mot « vulgarisation » ! Ce n’est pas vulgaire du tout ! Je préfère parler de « science populaire », comme on pouvait le dire au XIXème siècle.
  • Quels sont vos projets à venir dans ce domaine ?
    Je collabore au scénario d’un film. Je n’ai pas encore eu de proposition pour intervenir comme acteur dans un nouveau film, mais je crois que ça me plairait bien !
    Je suis en train de réfléchir à deux livres. L’un avec des réflexions sur les maths, l’autre pour partager des maths avec le plus grand nombre.
    Et sinon je continue à faire tourner mon spectacle d’improvisations mathématiques et à donner des conférences. Toute mon actu est sur mon site perso : mathom.fr !
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et pas toujours aimé parmi les autres sujets scolaires ?
    Le plus difficile, ça dépend pour qui ! Je crois que le fait de sélectionner avec les maths a fait beaucoup de tort à la discipline. C’est d’ailleurs incroyable qu’après l’échec de la réforme des maths modernes, on continue dans cette voie alors même que les profs de maths sont très souvent hostiles à la sélection par les maths. Et pourtant, on n’en fait pas tant que ça. Il n’y a qu’à comparer la série S aux autres. À quand une vraie filière scientifique avec des horaires de sciences, et donc de maths, conséquents ?!
    À l’école primaire, les maths ne sont pas si détestées. Les opinions sont plus variées. C’est au collège que ça devient difficile. En fait le collège est un moment difficile ! Les programmes sont souvent des freins pour faire des activités plus adaptées au public. Il faudrait pouvoir s’en écarter, voire se dispenser de programme ! Les plus fragiles en maths ont des soucis qui sont souvent bien antérieurs ou ont des difficultés liées à des problèmes extérieurs à la classe, tandis que d’autres ne sont pas assez nourris et s’ennuient après la vingtième répétition du théorème de Pythagore. D’ailleurs faites l’exercice, combien de triangles rectangles avez-vous rencontré en classe et dont les longueurs des côtés ne soient pas multiples de (3, 4, 5) ?
    Et pourtant les profs de maths font des efforts, et essayent de contenter à la fois les réformes, les parents, les enfants… mais c’est dur, très dur ! Les IREM rendent beaucoup de service en ce regard. Bref, à mon sens, le vrai problème, c’est la note et la sélection.
  • Quel type d’activité pourrait-on proposer pour rendre les mathématiques plus populaires ?
    Vaste question ! Je crois qu’il faut rappeler que c’est une activité humaine ! Il faut donc faire venir des mathématicien(ne)s dans les classes, organiser des sorties, utiliser l’actu pour bâtir des séquences pédagogiques et ne jamais s’interdire de réagir mathématiquement quand c’est possible. En particulier les maths peuvent interagir avec les autres disciplines : histoire, philosophie, éducation civique etc.
    Plus avant, j’aimerais que l’on valorise plus la recherche et le sens. Pour cela il me semblerait utile de faire appel à qu’on appelle les narrations de recherche. Tout comme en EPS on a appris à ne pas se focaliser sur la performance, il faut apprendre à ne pas restreindre les maths aux résultats. Mais pour cela il faut que les contrats didactiques soient énoncés clairement. Il faudrait aussi que la France comprenne que pour faire évoluer massivement son système éducatif, il faut investir dans la formation continue des profs. Or, celle-ci est essentiellement inexistante. Un terrible paradoxe !
    Quant à la popularité auprès du grand public, je ne sais pas. J’essaye des choses, d’autres en essayent d’autres… Je crois de mon côté qu’il faut aller à la rencontre du public en tous les sens du terme : aller le voir, parler sa langue et ne pas croire qu’on en sait plus que lui. La rencontre est avant tout un échange ! Je crois aussi qu’il ne faut pas donner une image froide et inaccessible des maths, comme le font certaines expos. Là encore, la clef est de montrer que c’est une activité humaine et de montrer pourquoi on peut la partager, sans arrogance.

Découvrez l’intégralité de l’interview de François Sauvageot à cette page

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Le questionnaire de Proust : Nalini Anantharaman http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/06/24/le-questionnaire-de-proust-nalini-anantharaman/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/06/24/le-questionnaire-de-proust-nalini-anantharaman/#respond Tue, 24 Jun 2014 11:00:05 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=280 [...]]]> naliniNalini Anantharaman est professeur à l’université Paris-Sud depuis 2009. Elle a reçu le prix Gabrielle Sand et Marie Guido Triossi de l’Académie des Sciences 2007, le prix Salem 2010 et le prix Jacques Herbrand de l’académie des sciences 2011. Elle est également l’une des quatre lauréats du prix Henri-Poincaré en 2012 et a reçu la médaille d’argent du CNRS en 2013. Ses travaux portent notamment sur la mécanique quantique (comme l’équation de Schrödinger) et la propagation des ondes.
  • Ma vertu préférée en mathématiques
    L’éclectisme.
  • Le principal trait de mon caractère mathématique
    L’inconstance.
  • La qualité que je préfère chez les mathématiciens
    La générosité.
  • La qualité que je préfère en mathématiques
    La nouveauté.
  • Mon principal défaut comme mathématicienne
    Le dilettantisme.
  • Ma lecture mathématique préférée
    Gödel, Escher, Bach de Douglas Hofstadter.
  • Mon rêve comme mathématicienne / Mon cauchemar comme mathématicienne.
    Faire de la politique / faire de la politique.
  • La faiblesse principale des mathématiques
    Les mathématiciens sont trop honnêtes, parfois c’en est presque idiot.
  • La mathématicienne que je voudrais être
    J’aimerais juste voir pour quelques heures ce que ça fait d’être dans la tête de Terence Tao.
  • Le théorème que je préfère
    Le théorème spectral pour les opérateurs auto-adjoints.
  • L’application des mathématiques que je préfère
    La mécanique quantique.
  • Les mathématiciens qui m’ont orientée
    Albert Fathi, Yves Colin de Verdière, Peter Sarnak.
  • Les mathématiciens qui m’ont dissuadée
    Aucun, je crois. Ah si, mais je ne veux pas en parler ici !
  • Le nom de variable que je préfère
    z, la variable complexe.
  • Le type de calcul que je préfère
    Le principe de prolongement analytique, qui évite justement de faire des calculs !
  • Le type de calcul que j’utilise
    Beaucoup d’analyse de Fourier.
  • Le type de calcul que je trouve le plus ennuyeux
    Tous les calculs explicites m’ennuient : je préfère vraiment les raisonnements qualitatifs, géométriques.
  • Les dénominations mathématiques que je préfère (théorème, corollaire…)
    Théorème, tout bêtement.
  • L’entreprise scientifique que j’estime le plus
    L’invention du système métrique.
  • Le don de la nature que je voudrais avoir.
    Il n’est pas si facile de distinguer entre les dons de la nature et ceux qu’on acquiert par l’éducation et l’entraînement dans les jeunes années. Je voudrais avoir plus d’énergie physique, être plus rapide, musculairement et intellectuellement.
  • Comment j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme mathématicienne
    Je ne voudrais pas avoir d’étiquette : « EDPiste », « probabiliste », « dynamicienne ». Si l’on disait que j’ai eu quelques bonnes idées, cela me paraîtrait déjà extraordinaire.
  • L’état présent de mes recherches
    Un carrefour de possibilités.
  • La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
    Les erreurs de calcul.
  • Ma devisePatience et longueur de temps…
  • Pourquoi la recherche mathématique est-elle masculine ?
    La recherche n’est pas masculine, ce sont les chercheurs qui le sont. Je regrette cette ambiance trop masculine. Les mathématiques ont besoin d’une diversité de points de vue et ne pourraient que s’enrichir d’une plus grande mixité.
  • Les mathématiques appliquées s’étendent-elles à la même vitesse que celle des algorithmes mathématiques ?
    Hmmm… Cette question me fait un peu peur… On dirait que vous parlez d’une épidémie…
  • Dans quelle mesure le travail compte-t-il dans la résolution de problèmes mathématiques ?
    Le travail compte énormément, je ne connais personne qui fasse des mathématiques sans travailler.
  • Dans quelle mesure le formalisme compte-t-il ?
    Le formalisme est la langue dans laquelle s’expriment les idées mathématiques.
  • Mathématiques et grammaire sont-elles liées ?
    Quand j’apprends des langues étrangères j’ai un grand intérêt pour la grammaire. Mais comme dans une langue, les questions de syntaxe ne sont qu’une toute petite partie de l’univers mathématique.
  • Parlez-vous « mathématique » correctement ?
    Oui, mais probablement avec un accent.
  • À quel point faut-il être douée pour réussir en mathématique ? Pour quoi faut-il avoir moins de trente ans ?
    Actuellement je dirais que la réussite en mathématiques est plus conditionnée par des facteurs sociologiques que par un don inné. Et c’est plus une question de goût que de don. Avoir moins de trente ans ? Probablement pour avoir l’inconscience de se lancer dans des études de maths.
  • Êtes-vous douée ? Depuis quand ?
    Je ne dois pas être douée car je ne comprends pas la question.
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http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/06/24/le-questionnaire-de-proust-nalini-anantharaman/feed/ 0
Le questionnaire de Proust : Roberto Natalini http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/02/20/le-questionnaire-de-proust-roberto-natalini/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/02/20/le-questionnaire-de-proust-roberto-natalini/#respond Thu, 20 Feb 2014 11:00:51 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=249 [...]]]> robertoRoberto Natalini est directeur de recherche au CNR (le conseil national de recherche en Italie), affecté à l’Istituto per le Applicazioni del Calcolo « Mauro Picone » de Rome. Ses intérêts de recherche concernent principalement l’analyse mathématique et numérique des équations aux dérivées partielles (en particulier de type hyperbolique et parabolique) appliquées à la biologie, à la conservation des monuments, au trafic routier et à la dynamique des gaz. Il est membre du conseil directif de la SIMAI (la société italienne de mathématiques appliquées et industrielles) et coordinateur du site MaddMaths! italien (http://maddmaths.simai.eu/). Depuis juillet 2012 il est responsable scientifique du Guichet des Mathématiques pour l’Industrie Italienne (http://sportellomatematico.it/).
  • Ma vertu préférée en mathématiques
    Le courage (ou bien l’imagination, je n’arrive pas bien à choisir)
  • Le principal trait de mon caractère mathématique
    L’inconscience
  • La qualité que je préfère chez les mathématiciens
    La clarté
  • La qualité que je préfère en mathématiques
    La capacité de connecter des idées lointaines
  • Mon principal défaut comme mathématicien
    Être brouillon
  • Ma lecture mathématique préférée
    Les livres de pensées de Giancarlo Rota (mais j’ai aussi bien aimé «What is Mathematics, really?» par Reuben Hersh).
  • Mon rêve comme mathématicien / Mon cauchemar comme mathématicien.
    Avoir une idée simple, mais profonde / La même idée le lendemain matin
  • La faiblesse principale des mathématiques
    L’arrogance
  • Le mathématicien que je voudrais être
    Euler (mais il me suffirait d’être Vito Volterra)
  • Le pays où je voudrais vivre.
    Cela pourrait paraître bizarre, mais j’aime bien vivre en Italie. Ou bien le sud
    de la France (mais pas de pays froids, s’il vous plaît).
  • L’exercice de mathématiques que je préfère
    Les calculs des solutions exactes des équations aux dérivées partielles (quand il y en a).
  • Le théorème que je préfère
    Le théorème de Lax de l’existence des solutions du problème de Riemann pour les lois de conservation hyperboliques.
  • L’application des mathématiques que je préfère
    Pour un exposé grand public : l’algorithme PageRank de Google. Pour moi : la biologie cellulaire (j’ai des travaux en cours pour arriver à un modèle satisfaisant de cellule eucaryote).
  • Les mathématiciens qui m’ont orienté
    Maria Giovanna Garroni, Bernard Hanouzet
  • Les mathématiciens qui m’ont dissuadé
    Je ne sais/veux pas répondre (et je suis bien parmi ceux qui ont conçu ce questionnaire…)
  • Le nom de variable que je préfère
    Eta (ici il y aurait au moins trois jeux de mots à faire, mais le premier marche seulement en italien, et on ne comprendra jamais le deuxième en France…).
  • Le type de calcul que je préfère
    Facile.
  • Le type de calcul que j’utilise
    Estimations de l’énergie.
  • Le type de calcul que je trouve le plus ennuyeux
    Calcul des conditions au bord numériques pour les problèmes paraboliques avec des conditions de type Neumann. J’oublie toujours les signes des coefficients.
  • Les dénominations mathématiques que je préfère (théorème, corollaire…)
    Définition.
  • L’entreprise scientifique que j’estime le plus
    L’invention de l’ordinateur.
  • Le don de la nature que je voudrais avoir.
    Plus d’imagination.
  • Comment j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme mathématicien
    Un type enthousiaste et avec lequel il était intéressant de parler.
  • L’état présent de mes recherches
    J’avance doucement.
  • La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
    Les fautes de signe.
  • Ma devise
    Te occidere possunt sed te edere non possunt nefas est (Ils peuvent te tuer, mais ils ne peuvent pas te manger, c’est illégal).
  • Pourquoi la recherche mathématique est-elle masculine ?
    Personnellement j’aurais même tendance à penser le contraire. J’ai plus de collaborations avec des femmes qu’avec des hommes. En ce sens, les maths sont pour moi assez féminines ! Mais je sais que ce n’est pas le cas général. Les maths demandent beaucoup de temps (et d’inconscience). Les femmes, souvent, sont dépossédées du temps qu’elles pourraient avoir à cause du modèle familial traditionnel. Quoi qu’il en soit, c’est un sujet important et délicat qui mériterait qu’on y consacre plus que quelques lignes.
  • Les mathématiques appliquées s’étendent-elles à la même vitesse que celle des algorithmes mathématiques ?
    Je dirais même davantage.
  • Dans quelle mesure le travail compte-t-il dans la résolution de problèmes mathématiques ?
    Beaucoup, presqu’à 90 %, même quand on a beaucoup de talent.
  • Dans quelle mesure le formalisme compte-t-il ?
    C’est essentiel.
  • Mathématiques et grammaire sont-elles liées ?
    Les mathématiques sont plutôt liées au langage. La grammaire est un outil secondaire.
  • Parlez-vous « mathématique » correctement ?
    Pas trop. Je confonds toujours le numérateur et le dénominateur.
  • À quel point faut-il être doué pour réussir en mathématique ? Pour quoi faut-il avoir moins de trente ans ?
    Disons que le fait d’être doué aide beaucoup. Mais ce n’est pas tout. Il faut avoir moins de trente ans pour commencer une théorie révolutionnaire, mais pas pour la finir.
  • Êtes-vous doué ? Depuis quand ?
    Pas trop.
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