Un modèle mathématique proposé par des chercheurs britanniques et allemands considère que le ballast (le réservoir d’eau de grande contenance à bord de certains bateaux permettant d’optimiser la navigation) est un moyen de transport pour les micro-organismes et peut ainsi menacer l’écosystème.
Le Vega Star
En effet, l’eau nécessaire à l’amélioration de la stabilité au navire est pompée généralement dans une zone portuaire et, une fois que le navire arrive à destination dans un autre port du globe, elle est vidangée. L’eau de mer contient des sédiments et des particules vivantes animales ou végétales comme des bactéries, des microbes, de petits invertébrés et des larves. Le ballastage, l’action de vider ou de remplir les ballasts d’eau de mer, peut alors s’effectuer dans des lieux éloignés et très différents les uns des autres, générant donc une migration de substances qui conduit à des déséquilibres dans les écosystèmes. Un des exemples les plus communs des espèces invasives transmises par ballastage est la Dreissena polymorpha, mieux connue sous le nom de moule zébrée. Ce mollusque est originaire de la mer Noire et de la région de la mer Caspienne ; il a envahi progressivement les écosystèmes d’eau douce d’Europe et d’Amérique du Nord et il figure dans la liste des espèces invasives, classé parmi les plus nuisibles.
Afin d’éviter de déséquilibrer un écosystème, la réglementation actuelle tend à obliger les navires à avoir un plan de gestion des eaux de ballast. En effet l’organisation maritime internationale a proposé en 2004 une convention internationale pour la gestion des eaux de ballast, mais début 2010 elle a été ratifiée par seulement 22 pays (qui transportent 22,65 % du tonnage de fret maritime).
Le but de l’étude publiée dans la revue Ecology Letters consiste à calculer les chances de survie d’une espèce dans un voyage et de quantifier la probabilité que ces espèces colonisent les eaux d’arrivée. Bernd Blasius, de l’Université d’Oldenburg en Allemagne, a expliqué que l’équipe a examiné trois millions de voyages effectués entre 2007 et 2008, en prenant en compte les variables suivantes : la route, la taille du navire, la température et la biogéographie.
Un impact sur l’environnement marin pendant des décennies
La probabilité que les microorganismes transportés par les eaux de ballast puissent coloniser le port de destination est faible mais, selon Michael Gastner, de l’Université de Bristol en Angleterre, l’augmentation de la taille des navires et du nombre de voyages accroissent ce risque de façon exponentielle. L’étude se concentre sur les eaux américaines et identifie parmi les plus colonisées la baie de San Francisco et celle de Chesapeake.
Les micro-organismes qui voyagent par navire peuvent avoir un impact sur l’environnement marin pendant des décennies et les dégâts peuvent être considérables. Selon les chercheurs, les eaux les plus dangereuses sont celles de Singapour, de Hong-Kong, de Panama et de Suez, soit parce que de nombreux navires partent de ces ports, soit parce que les eaux chaudes fournissent des micro-organismes ayant une plus grande probabilité de survivre pendant les longs trajets. Mais même les eaux froides de la mer du Nord transportées par ballast ont une forte probabilité de résistance, parce qu’elles sont vidangées sur des côtes des États-Unis où les conditions et les températures sont souvent similaires.
Selon l’étude, les parcours les plus à risque sont ceux de moyenne distance : en effet pendant les longs itinéraires il y a une sélection naturelle de la vie marine, et les eaux de ballast d’un voyage court arrivent dans un environnement marin similaire et sont donc moins menaçantes.
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