Le questionnaire de Proust : Nalini Anantharaman

naliniNalini Anantharaman est professeur à l’université Paris-Sud depuis 2009. Elle a reçu le prix Gabrielle Sand et Marie Guido Triossi de l’Académie des Sciences 2007, le prix Salem 2010 et le prix Jacques Herbrand de l’académie des sciences 2011. Elle est également l’une des quatre lauréats du prix Henri-Poincaré en 2012 et a reçu la médaille d’argent du CNRS en 2013. Ses travaux portent notamment sur la mécanique quantique (comme l’équation de Schrödinger) et la propagation des ondes.
  • Ma vertu préférée en mathématiques
    L’éclectisme.
  • Le principal trait de mon caractère mathématique
    L’inconstance.
  • La qualité que je préfère chez les mathématiciens
    La générosité.
  • La qualité que je préfère en mathématiques
    La nouveauté.
  • Mon principal défaut comme mathématicienne
    Le dilettantisme.
  • Ma lecture mathématique préférée
    Gödel, Escher, Bach de Douglas Hofstadter.
  • Mon rêve comme mathématicienne / Mon cauchemar comme mathématicienne.
    Faire de la politique / faire de la politique.
  • La faiblesse principale des mathématiques
    Les mathématiciens sont trop honnêtes, parfois c’en est presque idiot.
  • La mathématicienne que je voudrais être
    J’aimerais juste voir pour quelques heures ce que ça fait d’être dans la tête de Terence Tao.
  • Le théorème que je préfère
    Le théorème spectral pour les opérateurs auto-adjoints.
  • L’application des mathématiques que je préfère
    La mécanique quantique.
  • Les mathématiciens qui m’ont orientée
    Albert Fathi, Yves Colin de Verdière, Peter Sarnak.
  • Les mathématiciens qui m’ont dissuadée
    Aucun, je crois. Ah si, mais je ne veux pas en parler ici !
  • Le nom de variable que je préfère
    z, la variable complexe.
  • Le type de calcul que je préfère
    Le principe de prolongement analytique, qui évite justement de faire des calculs !
  • Le type de calcul que j’utilise
    Beaucoup d’analyse de Fourier.
  • Le type de calcul que je trouve le plus ennuyeux
    Tous les calculs explicites m’ennuient : je préfère vraiment les raisonnements qualitatifs, géométriques.
  • Les dénominations mathématiques que je préfère (théorème, corollaire…)
    Théorème, tout bêtement.
  • L’entreprise scientifique que j’estime le plus
    L’invention du système métrique.
  • Le don de la nature que je voudrais avoir.
    Il n’est pas si facile de distinguer entre les dons de la nature et ceux qu’on acquiert par l’éducation et l’entraînement dans les jeunes années. Je voudrais avoir plus d’énergie physique, être plus rapide, musculairement et intellectuellement.
  • Comment j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme mathématicienne
    Je ne voudrais pas avoir d’étiquette : « EDPiste », « probabiliste », « dynamicienne ». Si l’on disait que j’ai eu quelques bonnes idées, cela me paraîtrait déjà extraordinaire.
  • L’état présent de mes recherches
    Un carrefour de possibilités.
  • La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
    Les erreurs de calcul.
  • Ma devisePatience et longueur de temps…
  • Pourquoi la recherche mathématique est-elle masculine ?
    La recherche n’est pas masculine, ce sont les chercheurs qui le sont. Je regrette cette ambiance trop masculine. Les mathématiques ont besoin d’une diversité de points de vue et ne pourraient que s’enrichir d’une plus grande mixité.
  • Les mathématiques appliquées s’étendent-elles à la même vitesse que celle des algorithmes mathématiques ?
    Hmmm… Cette question me fait un peu peur… On dirait que vous parlez d’une épidémie…
  • Dans quelle mesure le travail compte-t-il dans la résolution de problèmes mathématiques ?
    Le travail compte énormément, je ne connais personne qui fasse des mathématiques sans travailler.
  • Dans quelle mesure le formalisme compte-t-il ?
    Le formalisme est la langue dans laquelle s’expriment les idées mathématiques.
  • Mathématiques et grammaire sont-elles liées ?
    Quand j’apprends des langues étrangères j’ai un grand intérêt pour la grammaire. Mais comme dans une langue, les questions de syntaxe ne sont qu’une toute petite partie de l’univers mathématique.
  • Parlez-vous « mathématique » correctement ?
    Oui, mais probablement avec un accent.
  • À quel point faut-il être douée pour réussir en mathématique ? Pour quoi faut-il avoir moins de trente ans ?
    Actuellement je dirais que la réussite en mathématiques est plus conditionnée par des facteurs sociologiques que par un don inné. Et c’est plus une question de goût que de don. Avoir moins de trente ans ? Probablement pour avoir l’inconscience de se lancer dans des études de maths.
  • Êtes-vous douée ? Depuis quand ?
    Je ne dois pas être douée car je ne comprends pas la question.

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