Le questionnaire de Proust : Maria J. Esteban

MariaEsteban

Dans cette première lettre on propose le questionnaire de Proust à Maria J. Esteban, directrice de recherche au C.N.R.S., affectée au CEREMADE (Univ. Paris-Dauphine) et ex-présidente de la SMAI, la Société des Mathématiques Appliquées et Industrielles.

  • Ma vertu préférée en mathématiques
    La curiosité et l’intuition.
  • Le principal trait de mon caractère mathématique
    L’excitation nerveuse qui précède l’arrivée d’une bonne idée.
  • La qualité que je préfère chez les mathématiciens
    Avoir une bonne culture scientifique.
  • La qualité que je préfère en mathématiques
    La rigueur.
  • Mon principal défaut comme mathématicienne
    Une logique implacable qui se transmet dans la vie courante, ce qui n’est pas toujours parfait.
  • Ma lecture mathématique préférée
    Les livres qui décrivent bien et clairement une série de techniques et de problèmes, en mettant les choses en perspective, comme qui raconterait une histoire.
  • Mon rêve comme mathématicienne
    Aider à résoudre des problèmes “utiles”.
  • La faiblesse principale des mathématiques
    Les mathématiques actuelles sont souvent trop loin de la réalité ; j’aime quand elles cherchent à nous éclairer sur des problèmes concrets.
  • La mathématicienne que je voudrais être
    Ouverte sur d’autres domaines et disciplines, cultivée scientifiquement
  • L’exercice de mathématiques que je préfère
    Tous et aucun en particulier.
  • Le théorème que je préfère
    Le théorème de Lebesgue de la convergence dominée.
  • L’application des mathématiques que je préfère
    Celle qui sert à mieux comprendre un phénomène de la nature.
  • Les mathématiciens qui m’ont orientée
    Mon directeur de thèse, certains de mes profs de fac et quelques-uns de mes collaborateurs.
  • Les mathématiciens qui m’ont dissuadée
    Ceux qui défendent trop une chapelle, ceux qui sont trop compétitifs.
  • Le nom de variable que je préfère
    X
  • Le type de calcul que je préfère
    Je m’amuse beaucoup en faisant des calculs numériques, c’est comme un jeu, et souvent j’ai été inspirée par eux dans la recherche d’un résultat théorique.
  • Le type de calcul que j’utilise
    Le plus souvent c’est très variable.
  • Le type de calcul que je trouve le plus ennuyeux
    Quand il faut simplifier de longues formules compliquées.
  • Les dénominations mathématiques que je préfère (théorème, corollaire…)
    Lemme et proposition.
  • L’entreprise scientifique que j’estime le plus
    La bonne recherche médicale.
  • Comment j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme mathématicienne
    Comme une personne qui a aidé des gens à avancer et qui a trouvé quelques bonnes idées.
  • L’état présent de mes recherches
    Elles se font quand j’ai du temps, je suis actuellement trop prise par des questions de gestion de la recherche. C’est aussi intéressant, mais parfois j’aimerais avoir plusieurs longues journées de suite pour pouvoir réfléchir sur un problème dur. Parfois les idées qui arrivent dans ma tête doivent attendre pas mal de jours avant que j’aie le temps de voir si elles marchent vraiment !
  • La faute qui m’inspire le plus d’indulgence
    J’aurais presque préféré répondre à la question contraire, parce que je pense que je suis plutôt assez indulgente en général.
  • Ma devise
    Ne jamais me laisser décourager.
  • Pourquoi la recherche mathématique est-elle masculine ?
    Qui dit que la recherche mathématique est féminine ? je ne suis pas d’accord, elle n’a pas de sexe, et si on trouve plus de chercheurs hommes que femmes c’est pour des raisons sociologiques et liées à l’éducation.
  • Les mathématiques appliquées s’étendent-elles à la même vitesse que celle des algorithmes mathématiques ?
    Oui, je pense que oui, on avance vite dans la modélisation, dans la recherche de méthodes nouvelles pour résoudre des problèmes appliqués, et souvent les algorithmes avancent aussi en voulant résoudre un problème appliqué concret.
  • Dans quelle mesure le travail compte-t-il dans la résolution de problèmes mathématiques ?
    Les idées n’arrivent en général qu’après avoir travaillé, réfléchi, essayé diverses approches… Sans travail, difficile de trouver.
  • Dans quelle mesure le formalisme compte-t-il ?
    Le formalisme compte pour écrire les résultats, mais souvent pas pour les trouver. C’est mon expérience, mais cela pourrait être différent dans d’autres domaines.
  • Mathématiques et grammaire sont-elles liées ?
    Evidemment ! puisque toutes les deux ont trait au langage, parlé et écrit.
  • Parlez-vous « mathématique » correctement ?
    Je pense que oui, en général, quoique dans les discussions informelles, et dans celles où l’on discute avec des collègues sur des problèmes à résoudre, on est souvent approximatif.
  • À quel point faut-il être doué pour réussir en mathématique ? Pour quoi faire faut-il avoir moins de trente ans ?
    Si on n’est pas un peu doué, on ne va pas arriver à résoudre des problèmes intéressants, et alors cela va être dur de réussir. Mais je ne suis pas du tout d’accord qu’il faut avoir moins de 30 ans pour réussir à faire de bonnes maths ! Il y a plein de contre-exemples.
  • Êtes-vous douée ? Depuis quand ?
    En mathématiques ? Je pense que je suis douée pour certaines choses et pas pour d’autres. Je suis bonne pour l’intuition, pour « voir » des chemins à suivre lorsque je cherche à montrer un résultat. Je suis imaginative. Depuis quand ? je ne sais pas, depuis toujours j’imagine.

Retrouvez Maria Esteban dans la vidéo du Forum Emploi Maths (à la min 4’36)

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