Matheux de l’industrie – MADD Maths http://maddmaths.smai.emath.fr Mathématiques Appliquées Divulguées et Didactiques Fri, 15 Jul 2022 14:35:16 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.4.2 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/wp-content/uploads/2016/04/cropped-logo3-32x32.jpg Matheux de l’industrie – MADD Maths http://maddmaths.smai.emath.fr 32 32 Vie de Mathématicienne – Séverine Boucheron http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2017/01/16/vie-de-mathematicienne-severine-boucheron/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2017/01/16/vie-de-mathematicienne-severine-boucheron/#respond Mon, 16 Jan 2017 09:55:53 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=1308 [...]]]> Que font les mathématiciens ? Séverine Boucheron (IFREMER) s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée.

1. D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?

Ce qui m’avait attiré dans les mathématiques étant petite, c’était le caractère logique et concret de cette matière. En effet, 3×3 faisait toujours 9 et la réponse à un problème était soit juste soit fausse. A la suite du lycée j’ai décidé d’étudier les mathématiques pour approfondir mes connaissances dans cette matière et découvrir plus en détail les différentes applications des mathématiques dans la vie de tous les jours.

2. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?

Après avoir obtenu un bac scientifique, j’ai fait une licence de mathématiques puis un master de mathématiques appliquées spécialisé en statistiques à l’université d’Orléans (ma ville d’origine).

3. Avez-vous eu envie de poursuivre vos études universitaires par une thèse ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière à l’université ?

Pour ma part je n’ai pas eu envie de poursuivre mes études par une thèse, j’étais curieuse de découvrir le monde industriel et surtout les divers domaines d’application des statistiques.

4. Comment êtes-vous entrée dans le monde industriel ?

Mon entrée dans le monde industriel s’est faite grâce aux stages que j’ai pu réaliser lors de mon Master. A la suite de mon Master, j’ai été retenue pour un poste d’Ingénieur Statisticien à l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER).

5. Que faites-vous actuellement (plus en détail) ?

Depuis 2012, l’IFREMER a mis en place un algorithme permettant de simuler les données relatives aux navires actifs à la pêche en France et dans les DOM-TOM à partir des données déclarées par les pêcheurs (quantités de poissons pêchés par mois, nombre de jours de pêche par mois, espèces pêchées, etc..). Mon travail actuel consiste à évaluer la qualité des données simulées par rapport aux données réelles obtenues par des observateurs (qui vont récolter les informations directement sur les ports).

L’objectif final étant la recherche de ports où les estimations issues des deux sources seraient similaires pour ainsi pouvoir garder les valeurs simulées par l’algorithme et réduire le nombre d’observateurs dans ces différents ports (le coût d’un enquêteur étant élevé, cela permettrait de limiter les dépenses).

6. Est-ce que vous êtes satisfaite de votre choix ?

Je suis entièrement satisfaite de mon choix : ce travail me permet d’appliquer mes connaissances, de travailler avec des statisticiens qui me conseillent et me permettent d’enrichir mes connaissances, et de découvrir un domaine très intéressant que je ne connaissais pas du tout.

7. Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?

Les statistiques sont très présentes dans mon métier. En effet je travaille sur de nombreuses tables de données dont le but est de tirer des informations grâce à des outils statistiques pour ensuite prendre des décisions. Il est aussi important de noter qu’à la suite de l’analyse des données, il y a toujours une partie rédaction et présentation des résultats.

8. Est-ce que vous êtes satisfaite de « l’application » de votre connaissance des mathématiques ?

Je suis très satisfaite de l’application de mes connaissances des mathématiques, et surtout, je suis ravie de pouvoir travailler en équipe, ce qui me permet de pouvoir partager mes connaissances et d’en acquérir de nouvelles chaque jour. De plus, je travaille sur divers projets pour lesquels les méthodes statistiques à utiliser sont différentes (statistiques descriptives, statistiques inférentielles), je ne suis donc pas limitée à un seul travail répétitif.

9. Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Je ne changerais rien dans ma vie comme mathématicienne. Pour l’avenir, je souhaite trouver un CDI dans une entreprise qui me conviendra et où j’aurais des possibilités d’évolution dans mon travail.

10. Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et pas toujours aimé parmi les autres sujets scolaires ?

Selon moi, les mathématiques peuvent être vues comme un sujet difficile car cette matière nécessite de connaître les bases vues chaque année. Les élèves ne maîtrisant pas les bases auront du mal à suivre l’année suivante, et ainsi de suite… (ce qui parait logique : les élèves ayant loupé un chapitre, auront plus de mal à comprendre la suite de l’histoire !). Quand les bases ne sont pas acquises, les mathématiques deviennent de plus en plus compliquées à comprendre au fur et à mesure du temps et la logique de plus en plus difficile à trouver. J’ai eu l’occasion de donner des cours particuliers de mathématiques (collège/lycée/BTS), et j’ai pu observer de grand progrès chez tous mes élèves une fois que les bases étaient réapprises et comprises : la logique leur revenait peu à peu.

11. Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?

Je conseillerais à tous les mathématiciens de bien se renseigner sur les entreprises, ce qu’elles font, leurs valeurs et leur mode de travail. L’important est de trouver un domaine d’application et un mode de travail qui nous plaît !

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Vie de Mathématicienne : Julie Antic http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/03/21/vie-de-mathematicienne-julie-antic/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2015/03/21/vie-de-mathematicienne-julie-antic/#respond Sat, 21 Mar 2015 11:00:25 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=322 [...]]]> verneuilQue font les mathématiciens ? Julie Antic s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée.
  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Depuis l’école primaire, j’ai toujours préféré les mathématiques aux autres matières. Elles m’ont toujours semblé plus simples par leur caractère manichéen, si rassurant : c’est juste ou c’est faux, pas de nuances subjectives, difficiles à appréhender…
    Ma réelle passion pour les mathématiques s’est construite au fur et à mesure, mais principalement à partir du lycée, quand on commence à découvrir toute l’étendue des connaissances mathématiques, et à deviner leur pouvoir.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    J’ai passé un bac scientifique avec la spécialité mathématiques en 2001. Ensuite, je suis entrée dans une école d’ingénieur avec prépa intégrée : l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) à Toulouse. J’étais rassurée par ce cursus moins périlleux que les prépas classiques. De plus, il me permettait de repousser à plus tard le choix entre une carrière dans les mathématiques (c’était ma matière préférée, mais j’avais du mal à imaginer les métiers possibles) et la biologie (je n’étais pas fan de la chimie mais j’étais très attirée par les métiers autour de l’agriculture, de l’agronomie, de l’environnement). À l’issue des deux années de prépa, j’étais fermement décidée à poursuivre dans les mathématiques. J’ai donc choisi la filière mathématiques et modélisation, puis la spécialité statistiques.
  • Avez-vous eu envie de poursuivre vos études universitaires par une thèse ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?
    Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieur, j’ai poursuivi mes études par une thèse CIFRE (conventions industrielles de formation par la recherche). Pour être honnête, cette thèse était avant tout motivée par une envie de profiter un peu plus longtemps de la vie d’étudiante… A priori, j’étais plus attirée par l’industrie que par une carrière universitaire. Mais cette thèse était le moyen idéal pour se décider puisqu’elle m’a fait découvrir la recherche universitaire, l’enseignement et l’industrie.
    Finalement, j’ai beaucoup apprécié l’enseignement et l’industrie, et j’ai réalisé que la recherche me convenait moins bien : elle offre plus de liberté et d’autonomie, mais elle favorise moins le travail en équipe et n’apporte pas la stimulation créée par des objectifs et des échéances fermes.
  • Comment êtes-vous entrée dans le monde industriel ?
    Je suis entrée dans le monde industriel très progressivement via la thèse CIFRE. Elle m’a permis de travailler pendant trois ans en partenariat avec l’industrie pharmaceutique, et de passer 6 mois au sein de leur équipe dans leurs bureaux.
    Après ma thèse, j’avais envie de travailler dans l’industrie. Le plus naturel aurait été de poursuivre dans l’industrie pharmaceutique, mais je n’ai pas réussi à trouver de poste à Toulouse (ville à laquelle je suis très attachée). J’ai donc élargi mes recherches et finalement été recrutée dans l’industrie spatiale. Mon supérieur était intéressé par mes compétences en mathématiques et mon goût pour l’industrie et les applications, même si je ne connaissais rien au spatial ! La polyvalence des mathématiques est une grande force.
  • Pourquoi avez-vous choisi cette carrière ?
    Je n’ai pas vraiment choisi ma carrière car j’avais beaucoup de mal à imaginer la carrière d’un mathématicien dans l’industrie. Je me suis laissée porter par mes goûts et les opportunités proposées au fur et à mesure de mes études. Cependant, j’ai toujours veillé à ce qu’il y ait de réels débouchés professionnels à la sortie. Concernant les mathématiques, j’ai été vite rassurée : les industries aérospatiales (pour le calcul numérique) et la finance (pour les statistiques) sont aujourd’hui de très gros recruteurs de mathématiciens. J’ai découvert ensuite qu’il existe aussi des opportunités dans beaucoup d’autres filières.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détail) ?
    Je développe des logiciels qui aident à la conception des antennes satellites. Les antennes satellites sont souvent méconnues, mais elles sont omniprésentes dans notre vie de tous les jours. Elles permettent :

    • de recevoir la télévision grâce à une parabole
    • de se localiser n’importe où sur Terre (avec le système GPS et très bientôt Galiléo)
    • de prendre des « photos » de la Terre (pour google maps par exemple) ou de l’espace,
    • de faire des mesures très utiles pour la météo et l’étude de notre environnement (hauteur des vagues, surface de forêts, de banquises…)… etc.

    Plus précisément, mon travail consiste à implémenter dans des logiciels une modélisation des antennes la plus proche possible de la réalité. Ces logiciels sont ensuite utilisés pour optimiser la conception des antennes, prédire leurs performances… Plus les modèles mathématiques arrivent à reproduire de manière fiable la réalité, plus ils permettront d’économiser la fabrication de prototypes, la réalisation de campagnes de mesures très coûteuses, et de trouver rapidement l’antenne la plus adaptée au besoin du client. L’enjeu est donc de proposer des modèles de plus en plus complexes, mais avec des temps de calcul raisonnables !

  • Est-ce que vous êtes satisfaite de votre choix ?
    Je suis très satisfaite de mon choix de carrière. Mon poste d’ingénieur me permet de faire des mathématiques et de voir très concrètement à quoi elles servent : la mise en service d’un satellite est un aboutissement très concret !
    En plus de ce travail d’ingénieur, j’ai la chance d’enseigner quelques heures par an à des élèves ingénieurs. Cette tâche de transmission est pour moi très gratifiante.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Les mathématiques jouent un rôle très important pour trouver/améliorer une modélisation, ou proposer de nouveaux algorithmes (pour réduire les temps de calcul ou améliorer leur convergence). Je les utilise aussi souvent pour des calculs « simples » très divers : géométrie, dérivation, intégration… Malheureusement, je n’ai pas la chance de faire des mathématiques tous les jours ! Le quotidien comporte aussi une part d’informatique et d’administratif.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    C’est ma thèse qui a le plus fait appel aux mathématiques. Elle était appliquée à la pharmacocinétique : l’étude de l’élimination des médicaments par notre organisme (sous quelle forme, à quelle vitesse…). La pharmacocinétique est essentielle pour trouver le meilleur dosage (c’est-à-dire celui qui permettra de maximiser les effets du médicament tout en limitant ses effets secondaires). Les variables pharmacocinétiques sont généralement similaires chez tous les individus. Les principaux modèles mathématiques supposent donc que ces variables suivent une distribution « normale », c’est-à-dire que les valeurs les plus proches de la moyenne sont les plus probables. Cependant pour certaines molécules, on observe des différences dans la population des patients, qui sont difficiles à expliquer. Dans ce cas, l’hypothèse de normalité des variables n’est pas valable. Ma thèse visait donc à proposer des méthodes de modélisation qui ne reposent pas sur cette hypothèse. Elle a nécessité beaucoup d’études bibliographiques, l’implémentation de nombreux algorithmes, et des recherches principalement en optimisation.
  • Est-ce que vous êtes satisfaite de « l’application » de votre connaissance des mathématiques ?
    Les applications sont le moteur principal de ma motivation. Je trouve très stimulant de travailler dans des équipes pluridisciplinaires, pour plusieurs raisons. Premièrement, je retrouve les caractéristiques de l’enseignement : plaisir de l’échange, nécessité de synthèse et de pédagogie, extraction des caractéristiques essentielles des modèles (domaine d’application, hypothèses principales) sans se perdre dans les détails complexes des algorithmes. De plus, j’apprends énormément car il est indispensable de très bien comprendre l’application visée pour proposer un modèle pertinent. Ces échanges avec des personnes, généralement passionnées, sont extrêmement enrichissants.
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Mon travail est globalement très intéressant, cependant il comporte une part de tâches répétitives ou peu intéressantes. Par exemple, je dois parfois implémenter des logiciels, certes utiles, mais très peu exigeants intellectuellement. Dans l’idéal, j’aimerais toujours avoir l’occasion d’apprendre et de progresser.
    Pour l’avenir, j’ai l’impression que je vais devoir choisir entre une spécialisation en mathématiques/modélisation (quitte à élargir le domaine d’application) ou dans les antennes satellites (en mettant un peu de côté les mathématiques). Je n’ai pas encore pris de décision. Comme à mon habitude, je pense qu’elle dépendra essentiellement des opportunités qui se présenteront. Dans tous les cas, j’apprécie beaucoup la grande diversité des possibilités offertes quand on a un profil « maths appli ».
  • Selon vous, quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et pas toujours aimé parmi les autres sujets scolaires ?
    Pour moi, le problème est que les mathématiques sont aujourd’hui plus utilisées comme moyen de sélection des élèves que pour leur utilité dans la vie courante et professionnelle. Il me semble que cela met beaucoup de pression sur cette matière, et potentiellement de dégoût. Les programmes scolaires en mathématiques me semblent plutôt exigeants (par rapport aux autres pays) et peu orientés vers les applications concrètes. Ne devrait-on pas apprendre très tôt comment calculer les intérêts d’un prêt ? À interpréter des données statistiques, largement utilisées comme arguments par les médias, les politiques ?
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?
    Je les encouragerais ! Les mathématiques offrent des carrières intéressantes. Aujourd’hui, il n’existe pas de métier-type du « mathématicien dans l’industrie ». C’est un peu déroutant car on n’entre pas dans un cadre de poste bien connu et identifié (j’ai souvent du mal à expliquer que je ne suis ni informaticienne, ni ingénieur antenne). Mais cela offre une grande liberté. On peut adapter notre poste à nos aptitudes et à nos goûts : plus orienté vers les mathématiques, l’informatique, les applications…
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Vie de Mathématicien : Vincent Verneuil http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/11/22/vie-de-mathematicien-vincent-verneuil/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/11/22/vie-de-mathematicien-vincent-verneuil/#respond Sat, 22 Nov 2014 11:00:46 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=291 [...]]]> verneuilQue font les mathématiciens ? Vincent Verneuil s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée. Il est analyste en sécurité chez NXP Semiconductors, à Hambourg.
  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Les mathématiques m’ont attiré depuis les premiers cours de géométrie à l’école primaire parce qu’il s’agissait de la seule matière qui repose uniquement sur la logique. Et pour moi les problèmes logiques ont toujours été ludiques, un peu comme les jeux de Picsou magazine… Il n’y a que la forme qui soit différente ! J’aimais aussi les autres matières comme le français, l’histoire, etc., mais ce n’était pas aussi amusant que les maths.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    À l’école primaire, j’ai eu des instituteurs passionnés qui m’ont donné envie de devenir professeur des écoles. Ce projet m’a suivi jusqu’à la fin du lycée. Il faut dire que mes parents n’ont jamais tenté d’influencer mes choix ou de m’orienter vers une autre voie. Ainsi je n’avais pas la pression que beaucoup d’enfants subissent aujourd’hui, me semble-t-il. J’ai récolté de bonnes notes sans trop me soucier de l’avenir et me suis inscrit à l’université pour étudier les mathématiques plutôt que dans une prépa prestigieuse comme l’auraient souhaité certains de mes professeurs.
    C’est à l’université que j’ai eu des doutes sur ma vocation d’instituteur. J’ai aussi lu un livre sur l’histoire de la cryptographie qui m’a passionné (L’histoire des codes secrets de Simon Singh) et j’ai découvert qu’il existait un master de cryptologie dans mon université. Si mes souvenirs sont exacts, je m’y suis inscrit sans trop me soucier des débouchés professionnels…
  • Avez-vous eu envie de poursuivre vos études universitaires par une thèse ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?À l’issue du master, je n’avais pas pour projet de faire une thèse. Je souhaitais avant tout travailler et prendre mon indépendance, ce qui pour moi était en contradiction avec l’idée de rester étudiant… Mon stage de fin de master m’a emmené en région parisienne, ce qui m’a fait sortir de ma « bulle » bordelaise. J’ai eu l’intuition que mes études n’étaient pas encore terminées et je me suis inscrit dans le mastère spécialisé (c’est-à-dire un bac +6) « Sécurité de l’information et des systèmes » de l’ESIEA à Paris. C’est là que l’on m’a expliqué qu’une thèse pouvait se dérouler en entreprise et ce compromis m’a tout de suite attiré.
    Faire carrière à l’université n’a jamais été mon projet, bien qu’aujourd’hui j’y pense quelquefois. Malheureusement les passerelles entre le monde industriel et le monde académique sont à ma connaissance trop limitées.
  • Comment êtes-vous entré dans le monde industriel ?
    Mon stage de mastère spécialisé s’est déroulé en région bordelaise dans le service validant la sécurité des produits cryptographiques chez Oberthur Technologies. Il était prévu que le stage soit suivi d’une thèse CIFRE, ce qui n’a pas pu se faire en raison d’un gel des recrutements au niveau national (nous étions alors en 2008). J’ai donc postulé à différents postes dans le domaine de la cryptographie embarquée sur carte à puce et j’ai décroché une autre thèse CIFRE à Inside Secure à Aix-en-Provence sur un sujet proche de mon sujet de stage : l’implémentation de la cryptographie à base de courbes elliptiques sur carte à puce.
  • Pourquoi avez-vous choisi cette carrière ?
    Je n’ai pas le sentiment d’avoir consciemment « choisi » cette carrière plutôt qu’une autre. Je n’ai fait que suivre mes centres d’intérêts. J’ai le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance car ceux-ci m’ont porté vers un domaine où l’on trouve facilement du travail.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détail) ?
    Après la fin de ma thèse, j’ai continué à travailler quelque temps chez Inside, puis j’ai eu envie de vivre une expérience à l’étranger, ce que je n’avais pas eu l’occasion de faire pendant mes études. Je dois dire que ma compagne m’a encouragé dans cette voie, ce qui a été très important pour franchir le pas.
    J’ai donc postulé pour un poste à Hambourg dans l’équipe d’analyse de vulnérabilité chez NXP. Dans cette équipe, nous jouons le rôle de « hackers » afin de mettre à l’épreuve la sécurité des composants (destinés à être embarqués sur des cartes bancaires, dans des passeports ou encore des boîtiers de télévision à péages). Je continue donc d’appliquer les attaques dites « par canaux auxiliaires » que j’ai étudiées pendant ma thèse sur des produits avant qu’ils ne partent dans des laboratoires de certification. Ces attaques consistent par exemple à étudier la consommation de courant d’un processeur pendant qu’il effectue une opération de cryptographie afin de s’assurer qu’elle ne divulgue pas d’information sur la clef secrète utilisée.
  • Est-ce que vous êtes satisfait de votre choix ?
    Je suis très satisfait de mon poste actuel. Bien que la recherche ne soit pas mon activité principale, j’en reste très proche car nous devons rester constamment à « l’état de l’art » des attaques publiées. Nous sommes donc en lien direct avec le monde académique, ce qui est important pour moi.
    Je suis également très heureux à Hambourg. C’est une ville très agréable, à l’opposé de l’image austère que l’on en a parfois.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Mon travail ne consiste pas à faire des mathématiques à proprement parler, pourtant je ne pourrais pas le faire correctement si je n’avais pas cette formation. Une des difficultés de notre mission de sécurisation des composants est que nous avons face à nous des attaquants qui n’ont qu’à « réussir une fois » pour contourner nos mesures de sécurité, alors que nous, nous devons « réussir toujours » pour protéger les produits contre les attaques.
    Dans ce contexte, le raisonnement mathématique est le seul qui puisse apporter une preuve de sécurité face à un adversaire que nous modélisons par des hypothèses (son degré de connaissance du produit, sa capacité à interagir avec le composant, etc.).
    Sans les mathématiques, nous ne ferions qu’appliquer des contre-mesures à l’aveugle pour parer telle ou telle attaque. En revanche, avec les mathématiques nous avons la capacité de concevoir des contre-mesures qui protègent les composants d’une large classe d’attaque. Lorsque toutes les classes d’attaques connues sont couvertes, on peut considérer le produit comme sécurisé.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    Les mathématiques sont utiles dans deux domaines de mon métier : la cryptographie d’une part, car de nombreux algorithmes cryptographiques (en particulier dans le domaine de la cryptographie à clef publique) reposent sur la théorie des nombres et l’algèbre, et l’analyse des composants d’autre part, où une démarche mathématique est nécessaire pour garantir qu’une attaque est efficacement couverte. Cette tâche fait aussi appel à des connaissances en statistiques, traitement du signal, informatique, etc.
  • Est-ce que vous êtes satisfait de « l’application » de votre connaissance des mathématiques ?
    Comme je l’ai expliqué, mon métier fait appel à de nombreuses disciplines des mathématiques que j’ai étudiées pendant mon cursus universitaire. Mais le plus important reste à mon avis la démarche mathématique qui interdit de prendre pour acquis quelque chose que l’on n’a pas démontré. Les exemples d’échec dans le domaine de la cryptographie et de la sécurité sont nombreux lorsque ce principe n’est pas respecté !
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicien ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Je ne me considère pas comme un mathématicien à proprement parler. Le métier que j’exerce fait appel aux mathématiques, mais aussi à l’informatique et à l’électronique par exemple.
    Je n’ai pas de projet précis pour l’avenir, je compte poursuivre ma découverte du champ des attaques sur composants embarqués. Je souhaite rester du côté technique de ce domaine : le management, très peu pour moi !
    Une chose est sûre : si un jour je ne m’amuse plus dans mon métier ou que je cesse d’apprendre de nouvelles choses, c’est qu’il est temps pour moi de passer à autre chose.
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques la matière scolaire la plus difficile et la plus redoutée ?
    Premièrement, l’aspect ludique des mathématiques que j’ai évoqué plus haut n’est probablement pas assez exploité ou mis en valeur à l’école ! Si l’on apprenait les maths au travers de « jeux » plutôt que de « problèmes », cela rebuterait peut-être moins les écoliers. Bien sûr, à partir d’un certain niveau, la capacité à raisonner sur des concepts abstraits constitue une barrière pour certains. C’est tout à fait normal : tout le monde n’a pas vocation à devenir mathématicien.
    Ensuite, il y a une tendance de fond dans notre société qui tend à dissocier l’amusement et la réflexion, le plaisir et l’effort. Pourtant si on leur accorde du temps et quelques efforts, les mathématiques apportent beaucoup de plaisir et peuvent être à la fois amusantes et très surprenantes. Je pense qu’il n’est pas juste de considérer les mathématiques – ainsi que les autres sciences fondamentales – comme trop difficiles.
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?
    Il faut bien sûr s’intéresser au monde industriel et aux problématiques qui peuvent trouver des solutions dans les mathématiques. Il y a beaucoup de travail dans les domaines de l’optimisation, de la modélisation, des statistiques, etc. Je pense aussi qu’il faut faire preuve de créativité et avoir l’esprit d’initiative car un industriel n’a pas nécessairement conscience que les mathématiques peuvent apporter une solution à ses problèmes.
    Ensuite il faut savoir que le monde industriel fonctionne différemment du monde académique. Pour autant que je puisse dire, l’un n’est pas meilleur que l’autre : chacun a ses avantages et ses inconvénients !
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Vie de Mathématicienne : Elodie Hérault http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/02/20/vie-de-mathematicienne-elodie-herault/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/02/20/vie-de-mathematicienne-elodie-herault/#respond Thu, 20 Feb 2014 11:00:28 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=247 [...]]]> Que font les mathématiciens ? Elodie Hérault a répondu à nos questions. Elle est ingénieure en traitement d’image chez Metso-Cisa (industrie minière et construction)

elodie

  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    J’étais intéressée par les sciences en général et au départ j’avais décidé de me spécialiser dans les mathématiques afin de les enseigner. C’est la matière qui m’a attiré le plus car je pense que les mathématiques sont à la base de toute chose, c’est ce qui les rend si intéressantes.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    J’ai débuté avec un bac S suite à mon intérêt aussi bien pour les mathématiques que pour la physique. Je suis entrée à l’université d’Orléans dans l’intention de devenir professeur de mathématiques, j’y ai donc fait une licence de mathématiques et applications. Après ma licence, j’ai poursuivi avec une année de formation au CAPES mais ce ne fut pas satisfaisant d’un point de vue intellectuel. J’ai alors décidé de tenter ma chance avec le cursus Master automatique d’Orléans (maintenant appelé TSI, Traitement du Signal et de l’Image).
  • Et après l’Université ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?
    Mon premier stage de Master était plutôt axé sur la recherche scientifique, ce qui m’a donné l’envie de poursuivre avec une thèse orientée sur le traitement d’images. Cependant mon second stage s’est déroulé en entreprise, et j’ai été plus intéressée par toute cette partie concrète, et donc je n’ai pas continué après le master, je suis directement entrée dans la vie professionnelle.
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et « détesté » parmi les autres sujets scolaires ?Il est toujours dit que sans les mathématiques rien ne pourrait se faire, que tout tourne autour. Je pense que c’est cette façon de dire les choses qui fait que les mathématiques sont détestées : cela peut représenter une certaine pression pour les élèves qui ne les incite pas à s’investir. C’est bien dommage, puisque pour ma part c’est aussi ce côté des mathématiques qui m’a le plus attirée.
  • Comment êtes-vous entrée dans le monde industriel ?
    J’ai été embauchée à l’issue de mon second stage situé dans le monde de l’entreprise. Tout s’est donc déroulé très naturellement à la fin de mes études.
  • Pourquoi avez-vous choisi ce secteur ?
    Je travaille dans le secteur minier en spécialité traitement du signal. Ce n’est pas tant le secteur minier qui m’intéresse mais plutôt la nécessité du traitement du signal qui en découle et ses nombreuses applications.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détail) ?
    Je suis chargée de la création d’algorithmes en traitement du signal (images et son). Ces algorithmes sont reliés à des caméras présentes sur les sites miniers. Ils ont pour but d’aider aux contrôles des usines pour optimiser la production. Par exemple, une caméra filme une bande transporteuse de cailloux et il s’agit d’en déterminer la granulométrie grâce au traitement d’images. Cette partie fait donc aussi intervenir beaucoup de mathématiques pour la détermination d’un modèle 3D.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Les mathématiques sont directement reliées au traitement du signal. Elles me sont donc utiles au quotidien dans la création des algorithmes mais elles jouent aussi une part importante dans le traitement des informations récupérées grâce au traitement d’image. Comme je l’expliquais précédemment, pour mesurer la granulométrie à partir d’images 2D, il faut bien utiliser les mathématiques pour pouvoir se référer à un modèle 3D. Le traitement d’image ne fait pas tout à lui seul : il est fondé sur des modèles mathématiques, et l’élaboration de nouveaux algorithmes nécessite la maîtrise des aspects mathématiques.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    Les mathématiques ont une place importante dans tous les projets auxquels je participe, que ce soit pour la création des algorithmes de traitement d’images ou simplement pour utiliser de façon appropriée les informations fournies par ces algorithmes.
  • Est-ce que vous êtes satisfaite de « l’application » de votre connaissance des mathématiques ?
    Pleinement, je ne vois pas de meilleure application pour moi que le traitement d’images.
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Mon métier est passionnant et intéressant, je ne vois vraiment pas quoi changer… Je souhaite donc tout naturellement persévérer dans cette voie.
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?
    Il est toujours difficile de conseiller quelqu’un. Je dirais juste qu’il faut suffisamment de passion et de motivation, et qu’ainsi on arrive toujours à ses fins.
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http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2014/02/20/vie-de-mathematicienne-elodie-herault/feed/ 0
Vie de mathématicienne : Gwendoline Blanchet http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2013/11/25/vie-de-mathematicienne-gwendoline-blanchet/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2013/11/25/vie-de-mathematicienne-gwendoline-blanchet/#respond Mon, 25 Nov 2013 11:00:09 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=220 [...]]]> Que font-les mathématiciens ? Gwendoline Blanchet a répondu à nos questions. Elle est ingénieure en traitement d’images au Centre National d’Études Spatiales à Toulouse

 

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  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Mon goût pour les mathématiques est né probablement grâce aux professeurs qui nous ont enseigné avec passion leur discipline. Les mathématiques représentent pour moi les bases nécessaires à une multitude d’applications et permettent ainsi de comprendre notre environnement.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    Après mon bac Scientifique option « Mathématiques », j’ai intégré l’école d’ingénieur de sciences appliquées INSA à Toulouse. Par la suite, j’ai approfondi la théorie mathématique en suivant le DEA MVA (Mathématiques Vision Apprentissage) à l’ENS de Cachan puis en y réalisant ma thèse en traitement d’images.
  • Et après l’Université ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?
    Au début de ma troisième année de thèse, un de mes deux directeurs de thèse m’a informée que le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) venait de proposer un poste d’ingénieur en traitement d’images, qui correspondait exactement à mon profil : ingénierie et mathématiques appliquées dans la thématique de ma thèse (restauration, mesure de qualité image liée à l’échantillonnage et la théorie de l’information). J’ai candidaté et j’ai été prise, ce qui m’a permis de fixer la fin de ma thèse et d’entrer dans le monde de l’entreprise. Au final, je n’ai pas essayé de faire carrière dans l’université. Dans mon poste actuel, j’ai la possibilité de donner des cours à l’université, dans les écoles d’ingénieur et pour la formation continue, ce qui me permet de garder contact avec les élèves et de travailler sur la pédagogie.
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et « détesté » parmi les autres sujets scolaires ?
    Les mathématiques demandent de la rigueur et d’apprendre à raisonner dans un langage formalisé. Elles requièrent une capacité d’abstraction qui n’est pas forcément naturelle chez tous les élèves. C’est peut-être l’origine du problème ?
  • Pourquoi avez-vous choisi ce secteur ?
    Le secteur du traitement d’images appartient au domaine des mathématiques appliquées. C’est ce côté « applicatif » qui me motive particulièrement car on peut voir les résultats des théorèmes et algorithmes sur les images. De plus le secteur de l’imagerie spatiale permet de toucher un large panel d’applications, de l’observation de la Terre à l’observation de l’Univers.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détails) ?
    Travaillant actuellement en tant qu’ingénieur dans le domaine de l’observation de la Terre, je développe, teste et applique des algorithmes d’évaluation de qualité d’image et de restauration des images. Mon implication intervient à différents stades d’un projet satellite : de son design en amont avec les études de qualité image en fonction des caractéristiques physiques de l’imageur, jusqu’à sa validation opérationnelle après tir.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Les mathématiques interviennent à tous les niveaux, de la modélisation de la chaîne d’acquisition d’image avec les problématiques d’échantillonnage, de compression et de filtrage, jusqu’à la restauration des images par la théorie des problèmes inverses.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    Un exemple phare est le design du satellite SPOT5 pour lequel les réflexions sur l’échantillonnage et la connaissance de la théorie de Shannon ont permis d’améliorer la résolution des images d’un facteur racine(2) sans avoir à changer le diamètre du télescope.
  • Est-ce que vous êtes satisfaite de «l’application» de votre connaissance des mathématiques ?
    Tout à fait satisfaite. Les mathématiques apprises lors de mon cursus s’appliquent directement à mon domaine professionnel.
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Je n’envisage pas de changement pour le moment car le métier est passionnant et permet l’innovation.
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine industriel ?
    Le monde industriel fournit de très beaux problèmes appliqués qui sollicitent les talents des mathématiciens, ce qui leur permet de passer de la théorie à la pratique et inversement. Être ouvert, partager et échanger avec les autres spécialistes, et se sentir utile, voilà une belle récompense.
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Vie de mathématicienne : Mélina Bec http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2013/05/23/vie-de-mathematicienne-melina-bec/ http://maddmaths.smai.emath.fr/index.php/2013/05/23/vie-de-mathematicienne-melina-bec/#respond Thu, 23 May 2013 11:00:01 +0000 http://maddmaths.smai.math.cnrs.fr/?p=191 [...]]]> Que font-les mathématiciens ? Mélina Bec s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée. Elle est consultante statisticienne dans un cabinet de conseil spécialiste du traitement de l’information.

 

melina

  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Mon goût pour les mathématiques est ancien. Déjà petite, c’était ma matière préférée. J’aimais réfléchir à la résolution de problèmes et surtout j’aimais la satisfaction procurée par l’aboutissement de la réflexion. Les mathématiques sont ensuite apparues pour moi comme une façon de penser, à la manière d’un courant philosophique. Je me sentais à l’aise et ne m’ennuyais jamais. Je suis entrée à l’université en mathématiques fondamentales par passion et curiosité.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    À la suite de mon bac S, j’ai intégré l’université de Bordeaux 1 en licence de mathématiques pures. J’ai obtenu ma licence en 3 ans puis je suis allée faire un master de mathématiques appliquées à l’université Paris Descartes.
  • Et après l’Université ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?
    J’ai choisi la filière « recherche » lors de mes études supérieures en master 2. Je souhaitais connaître le monde académique, la recherche universitaire et appartenir à un laboratoire dans lequel j’aurais pu étudier les sujets qui m’intéressent.
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et « détesté » parmi les autres sujets scolaires ?
    Vaste question ! Depuis l’école primaire déjà les enfants voient les mathématiques comme une angoisse. Il faut « résoudre », trouver une solution. Et puis les mathématiques sont comme un baromètre de l’échec scolaire. Je pense qu’il faudrait « dédiaboliser » cette discipline et tenter d’amener les jeunes femmes de plus en plus vers les sphères des mathématiques. Autre débat ?
  • Comment êtes-vous entrée dans le monde industriel ?
    Aujourd’hui consultante dans un cabinet de conseil spécialiste du traitement de l’information (composé essentiellement de statisticiens), je suis amenée à travailler dans différents domaines : la banque, la santé, l’énergie, l’automobile, divers ministères, le luxe… Je suis envoyée en « mission » chez mes différents clients pour répondre à une problématique précise à laquelle leurs services internes ne savent pas répondre seuls.
  • Qu’est-ce qui vous a poussée à travailler dans le domaine de la statistique ?
    Après mes études, je voulais travailler en lien étroit avec les mathématiques mais avoir de réelles opportunités d’évolution dans le privé. Je me suis renseignée sur les profils recherchés dans les entreprises, sur ce qui me permettrait de gagner correctement ma vie en faisant des tâches intéressantes au quotidien. Les statistiques répondent à ces attentes.
  • Pourquoi avez-vous choisi ce secteur ?
    Le conseil est un excellent moyen de commencer une carrière professionnelle en tant que statisticien-ne. Au sein même du cabinet il y a la possibilité d’être encadré tout étant en autonome, et de se tenir au courant des avancées scientifiques. C’est aussi un excellent moyen de choisir le domaine d’application pour lequel on a le plus d’appétence.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détails) ?
    En tant que consultante statisticienne, je choisis, j’adapte et applique des approches issues de domaines variés de la statistique et de l’intelligence artificielle pour extraire la valeur de la donnée que je manipule. Je compare différents modèles ou méthodes de calcul, j’en anticipe les avantages et les inconvénients et je les exploite en connaissance de cause dans un environnement métier.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Les mathématiques sont au coeur de mon quotidien, par le biais de la mise en place de modélisations diverses, par mes lectures de « veille » et grâce aux séminaires auxquels nous assistons ou que nous réalisons. Le plus souvent les entreprises dans lesquelles nous nous rendons ne possèdent pas de statisticiens, et c’est à nous de construire l’environnement autour de la donnée, et de mettre en place toutes les modélisations mathématiques qui répondront aux problématiques.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    Pour Sephora : assistance au département Connaissance Clients, pour la mise en place de modèles analytiques de mesure de la valeur et de ciblage des clients de la marque. Pour Air France : élaboration de modèles statistiques et mise en place de scénarios visant à simuler les impacts financiers de nouvelles règles de gestion du programme de fidélité Flying Blue.
  • Est-ce que vous êtes satisfaite de «l’application» de votre connaissance des mathématiques ?
    Tout à fait satisfaite. Et je conseille aux étudiants de commencer à appliquer les mathématiques assez rapidement dans leur cursus.
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Mon projet serait de m’orienter vers un aspect plus « stratégie ». Les analyses doivent alors être menées dans une logique d’efficacité et de rentabilité, il faut être force de proposition sur les tactiques à adopter. Il est alors important d’avoir une vision globale et les yeux ouverts sur les enjeux Business des travaux statistiques.
  • Y a-t-il des débouchés après des études en statistique aujourd’hui ? Quels sont-ils ?
    Aujourd’hui les métiers qui gravitent autour de la statistique sont en plein essor. Les statisticiens sont des profils recherchés dans tous les domaines et apportent des compétences que seuls eux connaissent. Avec l’expansion des données textuelles et la volumétrie toujours grandissante des données, le statisticien aura à résoudre de nombreux défis dans les années à venir.
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine économique ?
    Je leur conseillerais de s’intéresser à l’économie assez rapidement, de lire sur le sujet ou de suivre des cours d’économétrie, très utilisée chaque jour dans le monde du travail. Cela permet d’avoir une autre vision des mathématiques, fondée sur de nombreuses hypothèses mais ayant un vrai intérêt applicatif dans la vie du statisticien de tous les jours.
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