Vie de mathématicienne : Mélina Bec

Que font-les mathématiciens ? Mélina Bec s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée. Elle est consultante statisticienne dans un cabinet de conseil spécialiste du traitement de l’information.

 

melina

  • D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
    Mon goût pour les mathématiques est ancien. Déjà petite, c’était ma matière préférée. J’aimais réfléchir à la résolution de problèmes et surtout j’aimais la satisfaction procurée par l’aboutissement de la réflexion. Les mathématiques sont ensuite apparues pour moi comme une façon de penser, à la manière d’un courant philosophique. Je me sentais à l’aise et ne m’ennuyais jamais. Je suis entrée à l’université en mathématiques fondamentales par passion et curiosité.
  • Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire/universitaire ?
    À la suite de mon bac S, j’ai intégré l’université de Bordeaux 1 en licence de mathématiques pures. J’ai obtenu ma licence en 3 ans puis je suis allée faire un master de mathématiques appliquées à l’université Paris Descartes.
  • Et après l’Université ? Est-ce que vous vouliez continuer votre carrière dans l’université ?
    J’ai choisi la filière « recherche » lors de mes études supérieures en master 2. Je souhaitais connaître le monde académique, la recherche universitaire et appartenir à un laboratoire dans lequel j’aurais pu étudier les sujets qui m’intéressent.
  • Selon vous quelles sont les raisons qui font des mathématiques le sujet le plus difficile et « détesté » parmi les autres sujets scolaires ?
    Vaste question ! Depuis l’école primaire déjà les enfants voient les mathématiques comme une angoisse. Il faut « résoudre », trouver une solution. Et puis les mathématiques sont comme un baromètre de l’échec scolaire. Je pense qu’il faudrait « dédiaboliser » cette discipline et tenter d’amener les jeunes femmes de plus en plus vers les sphères des mathématiques. Autre débat ?
  • Comment êtes-vous entrée dans le monde industriel ?
    Aujourd’hui consultante dans un cabinet de conseil spécialiste du traitement de l’information (composé essentiellement de statisticiens), je suis amenée à travailler dans différents domaines : la banque, la santé, l’énergie, l’automobile, divers ministères, le luxe… Je suis envoyée en « mission » chez mes différents clients pour répondre à une problématique précise à laquelle leurs services internes ne savent pas répondre seuls.
  • Qu’est-ce qui vous a poussée à travailler dans le domaine de la statistique ?
    Après mes études, je voulais travailler en lien étroit avec les mathématiques mais avoir de réelles opportunités d’évolution dans le privé. Je me suis renseignée sur les profils recherchés dans les entreprises, sur ce qui me permettrait de gagner correctement ma vie en faisant des tâches intéressantes au quotidien. Les statistiques répondent à ces attentes.
  • Pourquoi avez-vous choisi ce secteur ?
    Le conseil est un excellent moyen de commencer une carrière professionnelle en tant que statisticien-ne. Au sein même du cabinet il y a la possibilité d’être encadré tout étant en autonome, et de se tenir au courant des avancées scientifiques. C’est aussi un excellent moyen de choisir le domaine d’application pour lequel on a le plus d’appétence.
  • Que faites-vous actuellement (plus en détails) ?
    En tant que consultante statisticienne, je choisis, j’adapte et applique des approches issues de domaines variés de la statistique et de l’intelligence artificielle pour extraire la valeur de la donnée que je manipule. Je compare différents modèles ou méthodes de calcul, j’en anticipe les avantages et les inconvénients et je les exploite en connaissance de cause dans un environnement métier.
  • Quelle est l’importance des mathématiques dans votre métier ?
    Les mathématiques sont au coeur de mon quotidien, par le biais de la mise en place de modélisations diverses, par mes lectures de « veille » et grâce aux séminaires auxquels nous assistons ou que nous réalisons. Le plus souvent les entreprises dans lesquelles nous nous rendons ne possèdent pas de statisticiens, et c’est à nous de construire l’environnement autour de la donnée, et de mettre en place toutes les modélisations mathématiques qui répondront aux problématiques.
  • Pouvez-vous décrire un projet dans lequel les mathématiques ont joué un rôle important ?
    Pour Sephora : assistance au département Connaissance Clients, pour la mise en place de modèles analytiques de mesure de la valeur et de ciblage des clients de la marque. Pour Air France : élaboration de modèles statistiques et mise en place de scénarios visant à simuler les impacts financiers de nouvelles règles de gestion du programme de fidélité Flying Blue.
  • Est-ce que vous êtes satisfaite de «l’application» de votre connaissance des mathématiques ?
    Tout à fait satisfaite. Et je conseille aux étudiants de commencer à appliquer les mathématiques assez rapidement dans leur cursus.
  • Changeriez-vous quelque chose dans votre vie comme mathématicienne ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
    Mon projet serait de m’orienter vers un aspect plus « stratégie ». Les analyses doivent alors être menées dans une logique d’efficacité et de rentabilité, il faut être force de proposition sur les tactiques à adopter. Il est alors important d’avoir une vision globale et les yeux ouverts sur les enjeux Business des travaux statistiques.
  • Y a-t-il des débouchés après des études en statistique aujourd’hui ? Quels sont-ils ?
    Aujourd’hui les métiers qui gravitent autour de la statistique sont en plein essor. Les statisticiens sont des profils recherchés dans tous les domaines et apportent des compétences que seuls eux connaissent. Avec l’expansion des données textuelles et la volumétrie toujours grandissante des données, le statisticien aura à résoudre de nombreux défis dans les années à venir.
  • Que conseilleriez-vous aux mathématiciens qui veulent entrer dans le domaine économique ?
    Je leur conseillerais de s’intéresser à l’économie assez rapidement, de lire sur le sujet ou de suivre des cours d’économétrie, très utilisée chaque jour dans le monde du travail. Cela permet d’avoir une autre vision des mathématiques, fondée sur de nombreuses hypothèses mais ayant un vrai intérêt applicatif dans la vie du statisticien de tous les jours.

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