Que font-les mathématiciens ? Julien Barré s’exprime sur le sujet à travers une interview que nous lui avons proposée. Il est Maître de conférence au laboratoire MAPMO, à l’Université d’Orléans, où il effectue sa recherche dans le domaine de la physique statistique, notamment sur les systèmes de particules en interaction. Ses intérêts vont des mathématiques, notamment équations aux dérivées partielles et probabilités, à la modélisation expérimentale.
- D’où vient votre passion pour les mathématiques ? Et pourquoi avez-vous décidé d’étudier les mathématiques ?
Il y a beaucoup de raisons : probablement parce que j’y arrivais bien, parce que c’était valorisé à l’école et à la maison (« fais des maths, après tu pourras faire ce que tu veux… »), parce que c’était ludique, et aussi parce que j’ai eu quelques vrais moments de plaisirs mathématiques pendant ma scolarité (des démonstrations de géométrie, l’approximation de pi, la démonstration que racine de 2) est irrationnel…). Mais en réalité, je ne suis pas sûr d’avoir une passion pour les mathématiques, ou en tous cas elle n’est pas exclusive, puisque je me suis pour un temps détourné des maths pour faire de la physique. - Parlez-nous de votre parcours scolaire/universitaire…
J’ai eu un parcours assez classique pour un enseignant-chercheur ! Prépa, Ecole Normale Supérieure de Lyon, thèse, deux ans de post-doc aux Etats-Unis, et j’ai été recruté comme maître de conférences à Nice… Un peu moins classique : j’ai étudié les maths et la physique en parallèle, ce qui m’a beaucoup plu et détermine aujourd’hui ma recherche. - Pourquoi avez-vous choisi une carrière dans la recherche ?
Au départ, c’est à dire au lycée et en prépa, l’idée (et même l’idéal) de la recherche me plaisait, c’est pour cela que j’ai choisi une Ecole Normale Supérieure. Ensuite, à partir de la licence, faire de la recherche était en quelque sorte la pente naturelle de ma formation, je l’ai suivie avec plaisir. - Quel est votre domaine de recherche ?
La physique statistique : il s’agit de chercher à comprendre comment les lois fondamentales de la physique, qui décrivent le monde de l’infiniment petit (les atomes par exemple), se manifestent à notre échelle, beaucoup, beaucoup plus grande. Il y a là des mathématiques passionnantes, des probabilités notamment. Ce qui me motive le plus, c’est de voir ces belles mathématiques décrire des phénomènes physiques réels. Je dirais aussi que c’est un domaine où une connaissance fine des mathématiques à l’oeuvre peut aider à une meilleure compréhension physique, ce qui bien sûr est fait pour me plaire. - Quel est le résultat qui vous a donné le plus de satisfaction ?
Je crois que c’est en stage de M2 (DEA à l’époque…). Une nuit, j’ai compris comment répondre à une question que m’avait posée mon responsable de stage : il fallait comprendre pourquoi les particules (fictives) de nos simulations sur ordinateur ne s’organisaient pas comme attendu. C’était une toute petite question bien sûr, à peu près sans importance, mais il y avait la joie et l’excitation de «la découverte»… - Selon vous, quelles sont les raisons qui font des mathématiques la discipline scolaire la plus difficile et la moins aimée ?
Je ne suis pas forcément d’accord avec l’idée que c’est la discipline la plus difficile ! Une des raisons qui la rendent mal aimée, c’est peut-être son utilisation comme outil de sélection. Mais il faudrait plutôt poser ces questions à quelqu’un qui n’aimait pas les maths à l’école… - Quelle est la réaction la plus inattendue que vous ayez eue quand vous expliquez que vous êtes mathématicien ?
En général, la réaction c’est plutôt : « Ah moi j’étais nul en maths » ! Ou « Ah je détestais ça à l’école… » Mais récemment, on m’a dit : « Ah, les maths ! Moi je n’étais pas très bon, mais j’adorais ça ! » - En dehors des maths, comment passez-vous votre temps libre ? Quels sont vos passe-temps favoris ?
Les jeunes enfants laissent assez peu de temps libre, mais je fais encore pas mal de sport (foot et course à pied).
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